Enquête sur ETA dans le haut-Doubs
Le Dolois Bruno Migeot co-signe “Qui a tué Gaïzko ?”
Bruno Migeot l’assure, c’est vraiment ainsi que les indépendantistes d’ETA fonctionnent. Ou du moins fonctionnaient, tant le mouvement nationaliste basque semble avoir, ces dernières années, subi de revers. Entrés dans la clandestinité, les combattants usent de mille précautions pour ne pas soulever l’attention des autorités françaises et espagnoles : planque, usage restreint du téléphone, boîtes aux lettres de fortune, voitures maquillées...
Quand Danièle Secrétant lui a demandé de jeter un coup d’oeil technique sur l’ébauche d’un roman qui mettrait en scène l’ancienne compagne d’un combattant revenue vivre dans le Haut-Doubs, Bruno Migeot a pensé que l’auteure était bien loin de ce que pouvait être une organisation militaire souterraine. Il venait d’arriver à Besançon comme officier de gendarmerie après plusieurs années dans le renseignement. Il avait justement travaillé sur la présence d’ETA en France.
Après pas moins de six ans de travail commun, la maison d’édition suisse Mon Village a publié, en avril dernier,“Qui a tué Gaïzko ?”, passionnant roman policier où se mêlent trois enquêtes : celle de la police, celle de Martha convaincue que son ancien compagnon est toujours vivant, et celle de Pablo, un “politique” qui voudrait convaincre celui qui était pour lui comme un fils de ne pas verser dans la violence.
Un roman policier atypique
Le mécanisme sur lequel l’histoire repose est assez atypique, sans cadavre ni coupable, mais sur une incertitude de ce qui peut se passer. Et, à force d’aller-retours, la différence entre les parties plus romancées composées par Danièle Secrétant, celles plus techniques signées Bruno Migeot, se fondent en un ensemble parfaitement homogène.
Désormais à la retraite, Bruno Migeot a entre-temps quitté Besançon pour Dole où il a notamment fondé l’association la Grande Enquête, dont la seconde édition se déroulera à l’occasion des journées du patrimoine. Il intervient aussi à l’université de Franche-Comté et comme consultant en sécurité économique pour les entreprises. L’activité d’écrivain s’est ajoutée de façon très fortuite, mais l’ex-gendarme y a pris goût, ravi par les retours des lecteurs rencontrés notamment lors du salon du livre policier de Besançon.
En cette période de rentrée littéraire, “Gaïzko” peut en effet prétendre à une place parmi la liste des lectures à recommander, tant aux amateurs de romans de terroir qu’aux lecteurs qui se laisseront surprendre par cette immersion dans l’univers du terrorisme basque.
“Qui a tué Gaïzko ?”, par Bruno Migeot et Danièle Secrétant, Editions Mon Village, 304 pages, 19 euros.