Chômage : de mauvais chiffres pour le Jura
A la différence des départements voisins, le chômage continue à progresser dans le Jura, malgré un mois de juillet en très léger mieux : -0.1%.
TENDANCE. Les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes sur le front du chômage en ce qui concerne le département du Jura, encore très loin de
« l’inversion de la courbe » si chère au Président de la République, malgré un léger mieux sur un mois (-0,1 %) plutôt en trompe-l’oeil. Selon les dernières statistiques diffusées par Pôle Emploi, ce sont en effet 20.520 Jurassiens qui, toutes catégories confondues, étaient à la recherche d’un emploi au mois de juillet, contre 20.550 au mois de juin. Mais à regarder les chiffres sur trois mois, on constate une hausse globale du chômage de 1,2 %, tandis que sur un an, cette hausse se situe à 2,1 %. Une vraie contre-performance par rapport aux départements voisins, qui, sur un an, tirent mieux leur épingle du jeu : 0% dans le Doubs, mais aussi -1,2 en Côted’Or, -1,5 % en Haute-Saône et +1,3 % en Saône-et-Loire, pour une moyenne régionale établie à 0 %…
Davantage de femmes et de seniors au chômage
Dans le détail, ce sont les chômeurs de la catégorie A qui constituent le gros du bataillon dans le Jura, avec 10.700 personnes n’ayant eu aucune activité professionnelle dans le mois. Une catégorie en hausse de 1,1 % sur un mois et de 2,1 % sur un an. Dans la catégorie B, qui regroupe les demandeurs d’emplois ayant eu une activité réduite courte sur le mois, on comptabilise 2.600 personnes (+0 % sur un mois, +3,2 % sur un an), tandis que dans la catégorie C, regroupant les personnes ayant une activité réduite longue, on dénombre 4.750 personnes (+0,2 % sur un mois, +4,9 % sur un an). Grosse baisse, en revanche, dans la catégorie D, regroupant les personnes en formation ou en arrêt maladie, avec -8,2 %, mais nouvelle hausse pour la catégorie E (contrats aidés, créateurs d’entreprise…), de 2,1 % sur un an.
Au cumul des catégories A, B et C sur un an, c’est chez les femmes (+ 4,6 %) et les plus de 50 ans (+ 8,4%) que le chômage monte le plus. Un chômage qui s’inscrit aussi dans la durée, avec une progression de 3,3 % d’inscrits depuis un an ou plus et même + 6,2% de personnes inscrites depuis 3 ans et plus.
C’est moins dur dans le Doubs
La situation de l’emploi dans le Jura est d’autant plus dégradée qu’à l’échelle de la région Bourgogne - Franche-Comté, le chômage baisse de 1,6 % sur un an pour la catégorie A et reste stable (à 0 %) pour les catégories de Aà E cumulées. Pourquoi un tel écart ?
Dans le haut Jura comme dans le Doubs, la Suisse reste un eldorado pour de nombreux travailleurs frontaliers, avec un taux de chômage encore relativement bas et des salaires toujours plus élevés. Sauf que depuis un peu plus d’un an, le secteur horloger traverse une passe difficile, en recul sur de nombreux marchés comme la Chine ou les États-Unis, ce qui a entraîné ici et là des réductions d’effectifs. Cela s’est d’abord traduit par des fins de mission d’intérim, puis quelques licenciements, notamment chez les sous-traitants des grandes maisons. Ce recul de l’emploi en Suisse expliquerait-il au moins en partie les mauvais chiffres du chômage dans le Jura ? Pas sûr. Car dans le département voisin du Doubs, où le phénomène des frontaliers est peut-être plus développé encore que dans le Jura, la situation de l’emploi semble un peu meilleure, avec une stabilité (à 0 %) du chômage toutes catégories confondues sur un an, et une légère hausse de 0,4 % du nombre des demandeurs d’emplois dans la catégorie A. Dans ce département et pour les catégories A, B et C, c’est le chômage des jeunes de moins de 25 ans qui recule le plus, avec -6,2 %, tandis que le chômage des seniors est davantage contenu, à +2,5 %.
Un dernier élément permet alors de relativiser un peu ces mauvais chiffres pour le Jura : celui du taux de chômage, annoncé à 7,7 % dans le département par l’INSEE, contre 9,3 % dans le Doubs et 8,6 % en Côte-d’Or…