Malgré un arrêté de fermeture, le Space ouvert
Le gérant assure avoir répondu à l’ensemble des prescriptions qui ont amené le maire à prendre, vendredi 20 janvier, un arrêté de fermeture de la discothèque.
ECLANS-NENON. « Ce dimanche 22 janvier à minuit trente, j’ai eu un message de la brigade de gendarmerie d’Orchamps qui m’annonçait constater l’ouverture du Space malgré l’arrêté de fermeture notifié en mairie vendredi 20 janvier à M. Emmanuel Defer, gérant du Space. La gendarmerie a dressé un procès-verbal à destination de l’autorité préfectorale », déclare le maire d’Eclans-Nenon Hervé Prat.
Trois ans après sa réouverture, quel risque la discothèque doloise prend-elle en ignorant ainsi l’injonction qui lui avait été signifiée ? Aucun, assure son fondateur, Noël Lambert qui, bien qu’officiellement retiré, se charge de convaincre les autorités que l’établissement respecte parfaitement les obligations qui lui sont demandées. Le nouveau gérant, Emmanuel Defer, s’est rendu vendredi en mairie pour prendre connaissance de l’arrêté municipal mais, plaide Noël Lambert, celui-ci n’aurait dû prendre effet qu’à réception du courrier recommandé. C’est-à-dire ce lundi au mieux. Sur le fond, il s’agace du motif de la sanction. Il explique que la visite réglementaire de contrôle des installations de désenfumage a bien été effectuée, mais le technicien n’a pas pu procéder à la mesure du débit d’une des turbines en raison de la hauteur. Revenu ce lundi, le même technicien a cette fois procédé à une vérification de l’intégralité des installations. « Tout rentrera dans l’ordre et on n’en parlera plus ! », prédit Noël Lambert. Ce beau récit ne supporte toutefois pas la lecture attentive du procès-verbal rédigé le 19 janvier à la suite de la réunion de la sous-commission départementale pour la sécurité contre les risques d’incendie. Le dossier du Space repassait en commission après un avis négatif en date du 15 décembre. Mais l’établissement avait bénéficié d’un arrêté d’ouverture provisoire d’une durée de 15 jours, qu’Hervé Prat avait ensuite reconduit. « Ça leur permettait de fonctionner pendant les fêtes », souligne le maire, qui réfute tout soupçon d’acharnement à l’encontre de la boîte de nuit : « L’idée était de leur laisser le temps de tout mettre en ordre ». Trente points soulevés par la commission
La commission de sécurité incendie pointe deux défauts : l’absence de vérification du système de désenfumage de la salle appelée la Plage, mais aussi des « non-conformités au sein du rapport de vérification triennale ». Le PV du 15 décembre listait pas moins d’une trentaine de points. Beaucoup concernaient la présentation d’attestations : formation des personnels, ramonage des conduits, nettoyage des filtres, mise en place d’une ligne directe… « Tout ça, c’est vu. On a fourni tous les papiers demandés », affirme Noël Lambert.
Toutefois, Hervé Prat constate que le 19 janvier, la commission n’a noté que cinq points prescriptions pouvant être levées. Les autres, dont certaines datent de 2013, sont de nouveau formulées, à commencer par l’installation d’une borne incendie supplémentaire ou, à défaut, une réserve d’une capacité de 120 m3.
Pour 300 000 euros
S’appuyant sur le rapport de la commission de sécurité, Hervé Prat fait dans son arrêté de fermeture distingue les travaux à réaliser de façon impérative (contrôle des turbines et mise à jour du dossier SSI) et ceux que l’exploitant est mis en demeure de réaliser avant le 1er avril.
« Notre but n’est pas que le Space ferme, mais qu’il fonctionne en offrant une sécurité optimale aux personnes qui le fréquentent », insiste
l’élu. « S’il fallait quatre issues de secours, j’en mettais huit. On nous a fait installer onze turbines pour 300 000 euros. Même s’il y en a une qui tire un peu moins bien que les autres, on sait qu’on ne met pas les clients en danger », s’irrite Noël Lambert. La publicité orchestrée par ses concurrents autour de la décision de fermeture du Space lui aurait fait perdre 10 000 euros. Aussi espère-t-il un retour très rapide du bureau de contrôle, sachant qu’Hervé Prat prend cet engagement : « A partir du moment où j’ai le document, si les pompiers me disent que cela permettra de lever l’avis défavorable de la commission, je prendrai un arrêté temporaire autorisant l’ouverture de l’établissement jusqu’à la date de la prochaine réunion de la commission ».