Les Jurassiens veulent de la joie
Une chanson, un matin ensoleillé, une réunion de famille ou un match de foot entre amis : les petits bonheurs du quotidien sont nombreux et les Français veulent davantage de joie et d’espoir dans leurs vies.
Les Français sont souvent cités comme étant le peuple le plus pessimiste de la Terre. Cela ne les empêche pas de se déclarer assez joyeux eux-mêmes, mais d’estimer à 83 % que leurs concitoyens sont peu enclins à la joie. Et à réclamer « plus de
joie », notamment à leurs responsables politiques.
Pour les Français, la joie se perçoit toujours comme un sentiment du quotidien, commun et accessible pour 74 % d’entre eux (contre 68 % en 2016), fait ressortir le dernier baromètre RCF-CSA « Les
Français et la joie ». Comme en 2016, ils estiment que la joie se vit de manière collective et dans le partage. Une perception qui s’affirme nettement pour 62 % des personnes interrogées (contre 54 % en 2016). À noter également que le sentiment de joie se ressent davantage dans l’entraide de proximité et dans la solidarité : 70 % des Français déclarent avoir déjà ressenti de la joie en s’occupant d’un proche en difficulté, 55 % en faisant un don à une association, 49 % en donnant de l’argent à un sans-abri. Mais c’est la famille qui reste la première source de joie (avec +3 points par rapport 2016), suivie de la vie sociale et de la vie amoureuse.
La joie reste avant tout associée au bonheur pour 54 % des Français, même si la notion de plaisir est également citée par 24 % d’entre eux (+ 3pts), devant la plénitude (20 %). « La joie en effet est très accessible : il suffit d’être conscient de son corps, du rythme de sa marche, de la réalité des liens que nous avons avec ceux que nous aimons… Elle n’est pas quelque chose de compliqué car elle entretient une relation privilégiée avec le réel (plutôt qu’avec l’irréel, le fantasme, l’idéal etc.) : le réel du corps de l’autre quand je fais l’amour, le réel des questions que mes enfants me posent, le réel d’un repas de famille », note le philosophe Charles Pépin à ce sujet. « Dans une période d’adversité, nous apprenons à apprécier davantage ces réalités qui nous mettent en joie, et la joie nous semble en conséquence plus accessible. En fait, il n’y a pas de paradoxe : la joie devient de fait plus accessible : plus tangible ! »
Evénements à vivre à l’unisson
Parmi les événements générateurs de joie en dehors de la sphère privée, on trouve les grands rassemblements à vivre à l’unisson comme les Jeux olympiques, l’Euro de football ou encore les JMJ pour les chrétiens. Quant aux personnalités vues comme les plus joyeuses, pour la deuxième année consécutive, on trouve le comédien Omar Sy en tête des réponses (33 %), devant Dany Boon, Stéphane Plaza, le Dalaï-lama, Florence Foresti, ou encore le spationaute Thomas Pesquet et Gad Elmaleh. Des disparités s’observent toutefois selon les régions. Et les chrétiens pratiquants placent notamment le pape François avant Omar Sy, alors que sur l’ensemble des sondés, le Souverain pontife n’arrive qu’en 8e place du classement.
Des politiques rabat-joie
Ceux qui n’incarne pas du tout la joie de vivre, et font même figure de rabat-joie, sont les hommes et les femmes politiques, jugés pas joyeux (88 %), voire pas joyeux du tout (46 %), alors qu’au contraire, les Français attendraient d’eux à 62 % qu’ils incarnent la joie et à 79 % qu’ils donnent de l’espoir au Peuple. C’est peut-être là une des causes du divorce entre le peuple et ses représentants, qui attend toujours « l’homme providentiel » qui ne vient pas.
Les médias ne sont pas épargnés par les Français, qui jugent à 73 % que la place accordée à l’actualité joyeuse n’est pas suffisante à la télé, dans la presse et à la radio. « Être bombardé par des informations négatives, alors même que nous ne pouvons le plus souvent rien changer à ce que nous entendons, constitue une véritable agression pour notre psychisme : les Français semblent en être conscients », souligne
ainsi Charles Pépin. « S’il faut évidemment être informé de l’état du monde, nous devons questionner cette préférence médiatique pour le négatif. Une des raisons en est que le « bad » fait plus le « buzz » que le « good » : les journalistes sont donc plus enclins à aller vers le négatif que vers le positif Probablement craignent-ils aussi implicitement une assimilation de la joie à la mièvrerie… L’insatisfaction des Français montre qu’ils comprennent combien cette assimilation est infondée, et combien nous avons besoin de joie dans une vie humaine. »