Voix du Jura

Emilienne : un solide caractère

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Malgré ses 91 ans bien sonnés, malgré des problèmes de dos très invalidant­s, malgré un anévrisme qu’elle a combattu énergiquem­ent et d’autres maux liés à la vieillesse, Emilienne Paponnet trottine encore derrière son déambulate­ur, qu’elle appelle avec humour sa Twingo. Et quand elle ne pousse pas jusque chez le boucher ou la mairie, on peut la voir désherber autour de ses fleurs et entre les graviers devant chez elle.

Aux Etats-Unis

Chaque jour, des amis, des cousins des voisins passent la voir, pour potiner ou parler du bon vieux temps. Elle donne aussi son avis sur la politique, française comme américaine. Et quand elle reçoit, pour un apéritif dînatoire, car elle ne sait plus cuisiner pour plusieurs personnes, ce sont les petits plats dans les grands. Pourtant, elle n’a guère eu la vie facile. Ses parents n’étaient pas riches mais partageaie­nt avec leurs voisins et la famille, le peu qu’ils avaient. Emilienne en a gardé le caractère généreux. Partie de Aumont à 18 ans avec un couple qui avait 2 enfants et attendait le troisième, comme nurse, aux USA, elle déchanta vite. Elle pensait apprendre la langue en côtoyant les gens du cru, mais elle échoua dans un petit village, sans commerce et y resta 3 ans.

Une fois le contrat terminé, elle revint à Aumont pour réfléchir. Elle avait un contrat de travail mais si elle ne rentrait pas aux USA dans les 3 mois, il devenait caduc. Elle y retourna et y passa les 3/4 de sa vie. Elle y a travaillé dur, a réussi à mettre de l’argent de côté pour agrandir sa maison qui ne comprenait qu’une seule pièce, et à rapporter victuaille­s et vêtements pour les moins nantis de sa famille et les enfants du voisinage, souvent plus pauvres encore. Il lui a fallu 30 ans pour que sa maison soit achevée. Elle comptait y revenir pour être près de ses parents, à sa retraite et s’occuper d’eux, mais ils sont partis avant son retour définitif.

Aujourd’hui, elle parle couramment l’anglais, grâce à de la volonté et des sacrifices : « il ne faut pas se mélanger avec ses gens si on veut parler une autre langue, il faut rester avec les gens du pays, » affirme-t-elle.

En Amérique, elle s’est mariée, a divorcé, mais s’y est fait aussi beaucoup d’amis. Emilienne, c’est un caractère, c’est une battante et elle tient tête à la vie. « Sinon, qu’est-ce qu’on peut y faire ? Rien », dit-elle souvent. « Faut s’accommoder ».

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Emilienne, à gauche, adore les sorties au restaurant avec ses amies

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