Un avenir incertain pour le marché du jeudi à Lons-le-Saunier
Depuis plusieurs jours, municipalité et commerçants non-sédentaires discutent du tournant qu’ils souhaitent donner au marché.
Jeudi 20 avril, 18 heures. Au deuxième étage du Carcom, une réunion se tient entre les commerçants non-sédentaires d’un côté, et une représentante de la municipalité, l’adjointe au maire Valérie Galle, accompagnée de Jean-Pierre Saget, le placier du marché, de l’autre. Tous sont là pour discuter de l’avenir à donner à un marché du jeudi « qui se meurt », selon certains commerçants, et qui se doit d’être redynamisé par une nouvelle configuration.
Quelques jours avant, Sonia Jazdanian, représentante des commerçants non-sédentaires du marché de Lons-le-Saunier, avait proposé, après accord de l’ensemble de ses confrères, un nouveau plan d’installation à la municipalité : deux rangés uniques, l’une rue Pasteur, la seconde place du 11-Novembre. Mais dès le début de la réunion, les commerçants comprennent que leur proposition n’a pas été retenue. En lieu et place, Valérie Galle leur propose deux autres alternatives : un marché reconstitué place de la Chevalerie, a proximité du marché aux légumes, ou trois rangées place du 11-Novembre. Inacceptables pour la plupart des commerçants présents, ces propositions sont rejetées en bloc.
La tension se fait plus présente entre les différentes parties. Et Valérie Galle de tenter de justifier auprès des commerçants ses nouvelles propositions : pour l’élue, la rue Pasteur pose problème. Avec l’accès pompier indispensable à la médiathèque à côté du cinéma Le Palace, et les places de parkings réservées devant le tribunal, les commerçants de la rue Pasteur doivent être supprimés. « Direction donc la place de la Chevalerie. » Refus catégorique de la part des commerçants ; « ça nous éloignerait du centre-ville et nous ferait mourir à coup sûr ! » « Trois allées place du 11-Novembre », propose alors l’élue. Proposition rejetée tout aussi catégoriquement. Les esprits s’échauffent, chacun campe sur ses positions. Les uns après les autres, les commerçants du marché lédoniens quittent la réunion, laissant l’élue seule à sa peine.
Une semaine après la passe d’armes, nous sommes allés à la rencontre des premiers concernés, pour qui l’avenir semble incertain. Rue Pasteur, tout d’abord, tous s’accordent à dire qu’ils « ne bougeront pas de là », à l’image de Cyril Clerc, David Vallery et Patrick Schatz, présent sur le marché depuis respectivement 6, 15 et 2 ans. Si David, vendeur de matelas, a sa place attitrée sur le marché comme 52 autres abonnés, la restructuration semble plus problématique pour ses deux confrères, qui n’ont pas d’abonnement. « S’ils nous regroupent tous place du 11-Novembre, il n’y aura plus de place pour les commerçants de passage comme nous. Dans ce cas, nous n’allons pas venir pour faire tenir le marché l’hiver, quand il y a moins de clients, pour se voir exclure l’été. L’accès pompier et les places de parking devant le tribunal sont de fausses excuses ; les camions y passent sans souci, et on laisse toujours trois places devant le palais de justice, qui reste vide la plupart du temps. À défaut, on veut bien rester sur la moitié basse de la rue Pasteur d’un côté du trottoir, mais en partir, hors de question ! Le marché, c’est notre gagne-pain, et il ne faut pas oublier que l’on fait vivre une partie des commerçants locaux aussi. Nous savons que nous n’avons pas vraiment de pouvoir de décision, mais si cela ne nous convient pas, nous serions parfaitement capables de bloquer la ville avec nos camions. »
De l’autre côté des platanes, place du 11-Novembre, les avis semblent plus modérés. Ici, la plupart s’accordent à dire qu’une nouvelle configuration du marché est nécessaire face à sa perte de vitesse. Pour Anita Quatela, vendeuse de vêtement sur le marché depuis 35 ans, « le manque de communication de la municipalité face aux différentes propositions faites par les commerçants est inquiétant ; ils doivent nous dire quelles sont leurs réelles volontés ». D’autre, comme Michel Martinez, qui vend lui aussi des vêtements, se satisferait d’un regroupement de tous les commerçants sur la place du 11-Novembre. « Cela permettrait de combler les trous et de faire deux belles allées. Certes, il faudra que l’on s’adapte tous, quitte à diminuer nos métrages, mais si cela permet de redynamiser le marché en le rendant plus attractif. Nous manquons de coordination entre nous, nous devons trouver un compromis collectif si nous voulons nous en sortir. »
Face à ces nombreuses interrogations, nous avons voulu faire réagir la municipalité. Côté Valérie Galle, c’est une fin de non-recevoir qui nous a été transmise, cette dernière estimant qu’« il [lui] semblait prématuré de communiquer sur le marché pour le moment ». Réponse sensiblement identique du côté du maire de Lons-le-Saunier, Jacques Pélissard, qui a également refusé de répondre à nos questions, nous expliquant qu’« il était trop tôt pour parler de ce sujet, sachant qu’aucune décision n’avait encore été prise ».
Mais le 11 mai prochain, la municipalité ne pourra plus botter en touche face à Nadine Villier, secrétaire générale de la Fédération nationale des marchés de France, qui se déplacera pour rencontrer les différentes parties, « afin de veiller à ce qu’il n’y ait aucune entrave à la liberté d’exercer des commerçants que nous défendons. Apparemment aujourd’hui nous sommes face à une municipalité qui n’écoute pas assez les commerçants. Nous allons donc venir pour ouvrir le dialogue. »