Un témoignage émouvant sur le suicide assisté

Une lédonienne, Eva, qui a accompagné sa tante jusqu’à sa fin de vie programmée, était reçue récemment par les membres de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité.

L’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) milite pour que chaque citoyen puisse choisir les conditions de sa propre fin de vie. La semaine dernière, sa déléguée départementale Brigitte Prost-Blondeau, a choisi de mettre en exergue le témoignage de la nièce d’une personne qui, du fait d’une lourde maladie, a délibérément programmé sa fin de vie. C’était il y a trois ans, dira Eva, qui a accompagné sa tante jusqu’à la fin en Suisse, avec son frère et la meilleure amie de cette personne. Elle précise en préambule que, mis à part sa grand-mère âgée de 99 ans, tous ses ascendants sont partis de la même maladie. Eva et sa soeur avaient déjà accompagné leur maman pour une fin de vie classique et difficile à Bourg-en-Bresse « en attendant que le corps lâche, quelles que soient les souffrances »… Aujourd’hui, elle assure : « Il m’a été plus facile de faire le deuil du départ de ma tante que de celui de sa maman… Avec ma tante Hélène, on a eu droit à une richesse incommensurable… on a eu le temps de nous dire au revoir » !

Pourtant ce fut un choc quand elle a connu le choix de cette dernière qui avait déjà tout préparé auprès de l’association lifecircle en Suisse. « Même si on lui reconnaissait ce droit, c’était dur à avaler, elle était notre 2e maman ». Sans connaître encore la date fatale, vient alors une situation particulière à gérer : tout devient comme la dernière fois avant : Noël, puis le Jour de l’An… Ça passe très vite, tout en étant à la fois très long. « Hèlène attendait cette date, nous, on la repoussait » ! Vint le moment de partir pour la Suisse où, reçus par l’association, les trois accompagnants ont le loisir de poser toutes les questions qui les assaillent, d’autant plus qu’Hélène n’est pas présente à ce moment. Ils peuvent donc mieux se préparer aux derniers moments. « Partis ensemble, on était dans l’émotion. Ce fut très gai, on a bu du champagne… » dira plus tard Eva. « Nous nous sommes levés tôt, le 3e jour, avant que l’on nous conduise dans une petite maison très anonyme, une pièce unique avec un lit et des chaises autour, Hélène avait le sourire ». Filmée, elle lira un texte pour assurer qu’elle a bien conscience de son geste fatal. Le matériel ayant été installé par un anesthésiste, une pompe est à la disposition d’Hélène… qui demande d’entendre trois chansons longtemps partagées avec ses accompagnants… Puis, elle part… « Aucune souffrance, ni violence… ce fut un moment d’une douceur exquise » dira Eva, en ajoutant « elle aurait certainement souhaité partir chez elle ». C’est tout le sens du combat de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.

Contact ADMD : admd39@ admd.net. Permanence téléphonique le samedi matin au 03 84 47 59 10