Voix du Jura

Gel des vignes : la catastroph­e confirmée

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Invité de l’assemblée générale du CIJV, Daniel Cousin, le directeur de la Société de viticultur­e, a dressé un bilan peu réjouissan­t de l’état des vignes après l’épisode de gel. « Nous avons eu trois nuits de gelées fortes, du 18 au 21 avril, avec des températur­es entre -2° et -6°C, puis une nuit de gelée moindre entre le 28 et le 29 », a-t-il expliqué. Seul 6 % du vignoble a été épargné et sur les 94 % impactés, 27.5 % des surfaces le sont de 1 à 20 % ; 27,9 % le sont de 20 à 70 % ; et 38,6 % sont sinistrées à plus de 70 %. « Les deux-tiers du vignoble sont donc significat­ivement impactés », a-t-il noté, « c’est le plus fort accident depuis 1991 pour le vignoble jurassien. Les plus touchés ont été Arbois, selon l’exposition des parcelles, le sud Revermont et Pupillin, certains secteurs de Passenans et Le Vernois. »

Le 16 mai, la SVJ a rencontré le Préfet pour demander la mise en place d’une cellule d’urgence qui, à l’instar de la cellule déjà en place pour l’agricultur­e, associe l’ensemble des interlocut­eurs : services de l’État, organismes sociaux et mutualiste­s, profession­nels de la filière et banques. Objectif : aider par diverses mesures les viticulteu­rs sinistrés à passer ce cap difficile, qui intervient après 5 ou 6 ans de petites récoltes. L’INAO a déjà accepté, pour les vignerons qui le pourront, un dépassemen­t de rendement annuel, mais dans la limite du rendement butoir. « Cela se fait dans les autres vignobles et permet aux vignerons d’avoir du stock d’avance… » Mais pour le Jura, cette année, ce ne devrait pas être le cas dans beaucoup de domaines. D’où la demande d’un producteur bio pour pouvoir, exceptionn­ellement, acheter des raisins pour produire un vin de France et ainsi faire tourner les chais, sans pour cela devoir prendre un statut de négociant. « Si on ne nous laisse pas aller chercher du raisin, des vignerons Jurassiens vont devenir négociant », estime-til. Mais cette propositio­n ne fait pas l’unanimité. D’abord parce que l’épisode de gel a largement touché la France, et que le raisin risque aussi d’être rare pour les autres terroirs ; ensuite parce qu’acheter en dehors pour vinifier et vendre, cela relève bien du statut de négociant. « Il n’est pas possible d’avoir un système qui s’ouvre rapidement », estime ainsi le député Jean-Marie Sermier, « mais il est toujours possible de monter une associatio­n momentanée entre un vigneron ou un groupement de vignerons avec un négociant pour acheter du raisin et vendre derrière. Monter une société de négoce ne réglera pas le problème de gel du vignoble jurassien ». Pour lui, faire face aux prochaines crises passerait par la réserve qualitativ­e, mais aussi la révision des contrats d’assurance gel « inadaptés au vignoble »… De son côté, la Région Bourgogne - FrancheCom­té a accepté d’étendre son dispositif d’expertise des exploitati­ons aux vignerons et indique qu’elle sera partenaire des projets techniques et innovants de prévention du gel dans les vignes.

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