« La nudité enlève tout masque et montre le corps tel qu’il est »
Jusqu’au 19 juin prochain, l’artiste-peintre Pierre Genot propose un stage de dessin de modèle vivant. Une expérience intimement artistique.
Chaque année à la même période depuis 17 ans, l’artistepeintre lédonien Pierre Genot, intervenant à l’école d’arts plastiques Artem, propose un stage de plusieurs séances pour découvrir et appréhender le dessin de modèle vivant. « Habituellement on travaille plus à partir d’images, il est plutôt rare d’avoir l’occasion de dessiner de vrais modèles vivants, qui plus est nus. »
Durant cinq séances, depuis le 15 mai, jusqu’au 19 juin, l’artiste propose à une quinzaine de stagiaires de nombreux exercices pour toucher du doigt, ou plutôt du crayon, ce qui est le plus complexe pour un artiste ; la retranscription du vivant. « Ce sont des croquis, des exercices rapides sur une posture générale. Le plus dur est de respecter les volumes, les proportions générales du corps. Il faut apprendre à se lâcher, oser sortir de ses habitudes, de ses sentiers battus. »
Un exercice millénaire qui joue aussi sur les sentiments, sur l’intime. « De tout temps le corps humain a été représenté dans l’art, sous toutes ses formes. Ça nous renvoie à quelque chose que l’on connaît : nous. Le dessin d’un corps humain relève donc aussi de la sensation, de l’émotion. »
Tomber la chemise, et le masque
Durant les cinq séances que durera le stage, deux modèles, un homme et une femme, s’exposeront aux regards des artistes
en formation. « La nudité est essentielle, elle permet de mieux voir l’anatomie du corps ; les articulations, les muscles, etc. Elle enlève tout masque et montre le corps tel qu’il est. Et puis ça a quelque chose de grandiose. Autant vous pouvez facilement dessiner des personnes dans la rue ou au bistrot, autant demander aux gens de se déshabiller
c’est plus compliqué », plaisante-t-il.
Pierre*, lui, a accepté de se dénuder sans problème, en répondant à une annonce déposée sur internet par l’école d’art lédonienne. Depuis quelque mois, cet artiste amateur à décidé de passer de l’autre côté de la toile
pour devenir modèle nu. « C’est un honneur de poser pour un artiste. Personnellement, c’est un vrai moment de relaxation pour moi, je me mets dans ma bulle, et je m’évade. Je fais aussi ça pour aider les autres artistes, pour leur permettre d’évoluer, car il est de plus en plus difficile de trouver des modèles pour du nu. »
Mais le modèle le sait, « mon entourage ne comprendrait pas forcément ma démarche, c’est pourquoi je n’en parle pas autour de moi ». * le prénom a été modifié. Joffrey Fodimbi