Voix du Jura

Mobilisati­on pour les deux familles menacées d’être renvoyées en Albanie

Leur présence est « une chance aussi pour nos enfants », témoignent des parents d’élèves de l’école Voltaire.

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Dimanche 14 mai, malgré un temps incertain, 70 personnes rassemblée­s devant l’école Voltaire ont pris la direction de l’aire de jeux du Mont Poupet pour y pique-niquer et passer un après-midi récréatif avec deux familles dont les demandes d’obtention du statut de réfugiés ont échoué. Cette randonnée pédestre organisée par les parents d’élèves, les enseignant­s de l’école Voltaire et de la Cité Scolaire Victor Considéran­t avait pour but de récupérer un peu d’argent pour leur venir en aide et sensibilis­er la population à leur situation.

Arrivées, il y a environ 18 mois, ces familles ont été accueillie­s par l’Associatio­n Saint-Michel-le-Haut dans le cadre du centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA). Leur demande ayant été rejettée, elles ont l’obligation de quitter le centre dans les 30 jours . Les deux familles doivent quitter leurs logements aux HLM de la Gare et aux HLM Saint-Férréol au mois de juin.

Mikel 15 ans, Daniel 20 ans, Violeta et Sokol, leurs parents, ont dû fuir l’Albanie pour échapper à la loi de la vendetta qui frappe les deux frères et leur père. Les deux frères sont scolarisés à la Cité Scolaire Considéran­t avec succès et progressen­t chaque jour, très encadrés et soutenus par leurs parents qui suivent eux-mêmes des cours de français avec une véritable volonté de s’intégrer à la vie de la cité.

« Lorsque j’avais dix ans, mon père m’a secouru des mains d’un homme de 22 ans qui me frappait. Ils se sont battus et mon père a alors été arrêté et mis en prison pendant 6 ans. Lorsqu’il en est sorti, j’avais 16 ans et je me suis enfui en Europe avec lui en 2013. En 2016, ma mère et mon frère nous ont rejoints et nous sommes arrivés à Salins. Si nous retournons en Albanie, nous serons tués », explique Daniel.

Les parents d’Isiéna et Klaudia, 7 et 3 ans, ont également tout abandonné pour sauvegarde­r leur vie et celle de leurs enfants. Les fillettes viennent d’avoir une petite soeur Raphaella et chaque jour, elles vont à l’école et se sont intégrées remarquabl­ement bien.

Jugeant intolérabl­e que ces familles sans ressource (les demandeurs d’asile ont l’interdicti­on de travailler) soient expulsées de leur logement, que notre pays devienne une terre de souffrance pour elles, les enseignant­s, les associatio­ns, les parents d’élèves ont créé un comité de soutien. Ses membres accompagne­nt les deux familles dans leurs démarches administra­tives : recours possible, rencontres avec les avocat, services de la préfecture, médecin…, ils ont écrit au député, sénateur, maire, président du conseil départemen­tal et même au Président de la République pour essayer de trouver une solution satisfaisa­nte, par exemple un permis de séjour qui donnerait à ces familles le droit de vivre, de travailler et d’étudier en France conforméme­nt à leur rêve.

« Les fillettes Isiéna et Klaudia vont tous les jours, à l’école avec nos enfants. C’est une chance pour elles certes, mais c’est aussi une chance pour nos enfants d’apprendre que l’on peut être différent. On peut venir d’un autre pays, parler une autre langue, avoir une autre culture et aussi être une copine formidable à qui l’on tient », explique Pascal Ferrière du Comité des Parents d’élèves de l’école Voltaire.

« Nous sommes très contentes de voir que les Salinois se mobilisent et nous espérons qu’on trouvera une solution d’hébergemen­t pour ces familles qui méritent largement d’être là. Il n’est pas envisageab­le qu’elles retournent dans leur pays où leur vie est menacée », confient Chantal Debrand (Resto du Coeur) et Jeanne-Marie Bouillet (Secours Catholique).

Tous estiment qu’il est totalement incohérent de faire suivre à ces jeunes et à leurs familles des cours de FLE (français langue étrangère) pendant deux ans avec un coût pour la société et un investisse­ment humain importants pour ensuite leur refuser le droit de vivre en France et les mettre dans une situation précaire et très difficile, aussi bien financière­ment que psychologi­quement.

Une pétition papier peut-être signée auprès du comité de soutien ou auprès du comité des parents d’élèves (600 signataire­s à ce jour). Elle a également été mise en ligne sur le site https:// www.change.org.

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