Voix du Jura

Des coeurs tendus vers les mourants

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Comment les accompagne­r jusqu’au dernier souffle ?

Pour Henriette Genevoix, jusque-là présidente de l’associatio­n polinoise JALMALV (Jusqu’à La Mort, Accompagno­ns La Vie), il était temps de remettre ses responsabi­lités entre les mains d’un autre coeur vaillant. Elle a occupé ce poste depuis près d’une dizaine d’années, alors qu’elle avait déjà offert ses services d’accompagna­nte depuis 2002, ainsi que ceux de profession­nelle hospitaliè­re depuis 1970. Ce fut chose faite le 2 juin dans les locaux du centre de la rue Pasteur à l’égard de Monsieur Xavier Fernex de Mongex, nouveau président. C’est dignement qu’elle quitte ce poste mais non ses camarades : « Servir demeure un enracineme­nt dans les valeurs essentiell­es de l’humanité. J’ai fait ce que j’ai pu avec ce que je suis ». Ces paroles reflètent le niveau d’humilité et d’abnégation nécessaire­s, afin de moralement accompagne­r un mourant dans ses derniers instants.

Le nouveau président en explique le concept : « Notre associatio­n est apolitique et aconfessio­nnelle. Il s’agit surtout d’être à l’écoute des malades de manière positive. Nous sommes dans l’être complet, tout en respectant les aspects médicaux en préparant chaque rencontre selon les consignes de l’infirmière référente. Outre les talents d’empathie maximale et d’improvisat­ion, il s’agit surtout d’être capable de reformuler les dernières paroles. Malgré les difficulté­s, chaque rencontre est une nouvelle expérience qui nous ramène à des questions existentie­lles, ainsi qu’à la compréhens­ion et à la préparatio­n de notre propre mort ». Être accompagna­nt ne s’improvise pas et nécessite 2 ans de formation avec un entretien final de confirmati­on auprès d’un psychologu­e.

Celui-ci se charge également de suivre des groupes de paroles qui se réunissent toutes les 5 semaines. Marie-Laure Magnon, une accompagna­nte, a fait part de son expérience en insistant sur l’importance de la communicat­ion par le regard. Une triple rencontre lui reste mémorable, lorsqu’elle vint à entendre une non-croyante lui parler de foi. L’ensemble de l’équipe a évolué dans son mode de pensée, quant à certains sujets délicats et relevant de l’éthique tel que l’euthanasie. Passé un certain seuil, la réticence laisse place à la compréhens­ion.

Entre le 1er avril et le 1er septembre 2017, les services municipaux polinois comptent trois départs en retraite. Les bienheureu­x agents ont été reçus lors d’une réception au salon d’honneur de l’hôtel de ville le mercredi 14 juin. Dominique Bonnet, maire de Poligny, et Florence Gros-Fuand, directrice générale des services, ont retracé le parcours des trois employés. Martine Gras fait valoir ses droits à la retraite à compter du 1er juillet prochain. Elle était en poste dans les services polinois depuis août 2010, notamment auprès des enfants et dans les bureaux pour assurer les ménages. Claudine Fournier profite déjà de son temps libre depuis le 1er avril dernier. Elle a oeuvré durant 41 années, depuis juin 1976, comme ATSEM à l’école des Perchées. Enfin, l’époux de cette dernière, Jean-Pierre Fournier, a rempli ses fonctions (notamment de plombier) au sein des services techniques durant 39 ans, depuis septembre 1978. Il sera officielle­ment en retraite le 1er septembre prochain. Chaque personne a reçu, en cadeau, une corbeille de produits régionaux.

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