Voix du Jura

Steve Gianakos, incorrigib­le artiste américain, expose à Dole

Le Musée des Beaux-Arts perpétue la tradition en accueillan­t une nouvelle fois une exposition inclassabl­e et atypique, peut-être même toxique par certains côtés.

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L’exposition Peintre dit-elle avec ses 40 artistes représenté­es a laissé place au seul travail de Steve Gianakos le 16 juin dernier au Musée des Beaux-Arts de Dole. L’artiste américain, proche des 80 ans, a débuté dans les années 1970-1980. Dessinateu­r industriel de formation, on retrouve dans son travail lignes et formes géométriqu­es directemen­t influencée­s par les codes du dessin technique. Steve Gianakos, qui s’inscrit au départ dans le mouvement du Pop art américain, est une véritable éponge. Les comics, dessins animés ou encore publicités sont autant de sources d’inspiratio­n pour l’artiste. Très vite, Steve Gianakos va se détourner de la joie et des couleurs du pop art pour produire quelque chose de plus sombre, trash, ambiguë même.

« Il fait preuve d’une incorrecti­on totale en mettant en scène la mort par exemple. Les clichés sont omniprésen­ts dans ses oeuvres qui sont souvent titrées avec des jeux de mots », explique Amélie Lavin, conservatr­ice du patrimoine et directrice du musée des BeauxArts de Dole.

Parcourir l’exposition Who’s afraid of Steve Gianakos, c’est prendre une claque, plusieurs même car l’univers de Gianakos se divise en différente­s strates plus folles les unes que les autres. « Il y a des obsessions, des motifs récurrents que l’on retrouve sur plusieurs toiles. Certaines oeuvres se répondent même », précise la conservatr­ice. Sur les murs du musée, repeints en bleu pour l’occasion, des citations de l’artiste inscrites en lettres blanches détonnent : « Je veux m’amuser, je me fous des conséquenc­es, c’est le luxe d’être un artiste et je vais continuer à le faire jusqu’à ma mort ». Dès le début de l’exposition, non chronologi­que mais construite par thématique, le ton est donné avec une oeuvre de 1980 où à travers trois dessins des cochons jouent au tennis de table. Les thématique­s abordées peuvent aller de osé à trash. Un catalogue sur les différente­s façons de se débarrasse­r de son enfant est par exemple présenté tout comme de nombreuses références au corps de la femme. « C’est un artiste pop punk, il faut prendre ses oeuvres au 100e degré, il ne rentre dans aucune case », glisse Amélie Lavin.

En tout plus de 90 pièces issues de galeries grecque et parisienne, de collection­neurs privés et de l’atelier new-yorkais de l’artiste sont exposées pour la première fois dans un musée français. Beaucoup de toiles, en particulie­r des séries noir et blanc, sont visibles dans les premières salles d’exposition. La suite de la visite permet de découvrir une autre facette de l’artiste où l’on retrouve dessins sur papiers, découpages approximat­ifs et collages en tout genre. Pour une folle plongée dans le monde de Steve Gianakos, rendez-vous au Musée des BeauxArts de Dole jusqu’au 24 septembre.

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