Au coeur d’un scandale meurtrier
120 battements par minute, de Robin Campillo, revient sur le parcours de militants d’Act Up dans les années 90. Le film a obtenu le Grand prix du jury au dernier festival de Cannes.
Les années 80/90 du siècle passé, années mitterrandiennes et un scandale qui se solda par un non-lieu général au profit de personnalités telles que Laurent Fabius, Georgina Dufoix, Edmond Hervé et autre Claude Hévin. Tous ces gens-là, de près ou de pas très loin, sont au coeur du scandale du sang contaminé par un virus mortel : le VIH, traduction : le SIDA.
L’ampleur de l’épidémie semble étrangère à nos édiles. Les morts commencent à se compter par centaines, puis le chiffre augmente. Les labos pensent business avant tout alors que l’hécatombe s’intensifie. L’ignorance du problème, sous prétexte qu’elle touche avant tout la communauté homosexuelle, voit fleurir dans une presse totalement à l’ouest l’appellation « cancer gay ».
Le réalisateur a fait partie d’Act up
C’est alors qu’un groupe de Français va répliquer l’organisation américaine Act Up et créer Act Up Paris, association dont fera partie le réalisateur Robin Campillo. C’est cela que nous raconte ce film en partie autobiographique, du moins dans les idées. Objectif : des actions coup de poing afin de sensibiliser autant l’État que le public sur les dangers de ce virus et les moyens de s’en protéger. Quatre fils rouges pour le film Le film est construit selon quatre fils rouges. Le premier nous fait pénétrer ces réunions au cours desquelles sont débattues les actions, le second, le plus violent, expose à l’écran lesdites actions, le troisième se situe entre tous, c’est la partie festive de cette communauté qui, encerclée par la mort, continue de s’amuser, de vivre, l’ultime est une histoire d’amour entre deux jeunes sympathisants du mouvement, Sean et Nathan. Au travers de leur relation, le réalisateur rend palpable le drame en le confiant à l’intime.
Pour ces deux rôles, Robin Campillo a fait appel à des acteurs exceptionnels : l’Argentin Nahuel Perez Biscayart, Sean bouleversant dans sa révolte comme dans sa longue descente vers la nuit et le Français Arnaud Valois, Nathan au regard insondable, bloc d’émotion devant l’inéluctable. Le premier est « séropo », le second « séroneg ». Ils sont le condensé d’un drame dont le dernier acte est loin d’être écrit. Et c’est pour cela qu’au-delà des qualités intrinsèques de cette réalisation et de l’engagement de tous les comédiens, ce film est nécessaire. Grand Prix du Jury Cannes 2017, 120 battements par minute appartient incontestablement aux opus majeurs du 7e art.
Son genre : le buddy movie, l’association forcée de deux êtres que tout sépare. Michael (Ryan Reynolds) est garde du corps très haut de gamme. Une de ses missions se finit très mal. Déstabilisé, Michael ne croit plus en lui et accepte des boulots peu reluisants. Son ex-petite amie, agent d’Interpol, le contacte alors pour convoyer jusqu’à Amsterdam un témoin gênant dans le cadre du procès de Vladislav (Gary Oldman), un dictateur d’Europe Centrale. L’occasion pour Michael de redorer son blason. Le témoin en question n’est autre que Darius (Samuel L. Jackson), un tueur à gages avec lequel Michael a eu maille à partir. Les premiers échanges passés, les deux hommes partent pour La Haye. Ce voyage ne sera pas une sinécure car tous les sbires de Vladislav sont à leurs trousses. Mais ce sera une occasion de croiser deux comédiens qui donnent formidablement le change dans des rôles diamétralement opposés. Un excellent divertissement.