Les domaines Henri-Maire VITICULTURE. changent de stratégie
Une semaine après le début des vendanges, la famille Boisset mise sur l’export et une montée en gamme.
Deux ans après son rachat par la famille Boisset, les domaines Henri-Maire sont en pleine mutation. « Implantés en Bourgogne (siège à Nuits-SaintGeorges) et en Californie, nous avons fait un mariage d’amour, » confie Nathalie Boisset, porte-parole de la famille. « On croit beaucoup au Jura » ajoute-t-elle.
L’intégration à cette grande maison franco-américaine constitue une petite révolution pour le prince des viticulteurs jurassiens (naguère en difficulté). Exit la commercialisation de franco française à 95 ou 98 % : « Nous souhaitons développer l’exportation, qui représente 60 % des ventes de nos vins de bourgogne (dans 80 pays) ». Exit également l’armée de VRP sillonnant la France par monts et par vaux, qui avait fait la fortune et la renommée de Henri-Maire. Désormais, il ne reste que 170 commerciaux, la clientèle particulière représentant 60 % des ventes (mais ce chiffre comprend à la fois les ventes faites aux « Deux Tonneaux » à Arbois, et les ventes faites en grandes et moyennes surfaces). Les cafés, hotels restaurants et les grossistes représentent pour leur part environ 20 % des ventes. D’après Nathalie Boisset, la stratégie du groupe vise à consolider le chiffre d’affaires, et à tendre vers sa stabilité grâce à « l’engouement pour les vins du Jura en général et les vins jaunes en particulier ». La famille Boisset, forte de son expertise sur les crémants bourguignons, entend bien également booster les crémants jurassiens, « purs et très aériens ». « Nous faisons vieillir les crémants pour nous constituer des stocks importants ». Une façon de lutter contre les coups du sort et les aléas climatiques. « Nous nous attendons en effet à une récolte déficitaire en raison du gel printanier » explique la porteparole. Denis de la Bourdonnaye, directeur technique confirme : « La récolte sera d’environ 50 % de la normale ». Suite à la pénurie de vins jaunes, les Domaines Henri Maire ont réalisé des investissements viticoles d’envergure : « Nous arrachons les vignes malades pour replanter chaque année 12 à 15 ha de cépages savagnin (vin jaune), mais aussi surtout de chardonnay (crémant) ». Ceci afin de tirer vers le haut la qualité de la production et de tendre vers un positionnement « premium ».
Des investissements conséquents ont également bénéficié à la cuverie et à l’outil de vinification (nouveaux pressoirs et nouvelles cuves opérationnels dès ces vendanges 2017), aux infrastructures marketing et commerciales. Sans oublier la récente rénovation des « Deux Tonneaux » (la boutique historique d’Arbois). Les 170-180 vendangeurs s’activent depuis le jeudi 24 août pour ne « pas laisser traîner les raisins » sur 60 % de s 240 ha de vignes (les 40 % restants étant vendangés à la machine). Même si la quantité n’est pas au rendez-vous, Denis de la Bourdonnaye prédit des vendanges « de grande qualité ».