Le Levothyrox, nouveau scandale au léger parfum de Médiator ?
Depuis le 1er avril, la moitié environ des malades de la thyroïde ressentent des effets secondaires parfois graves suite à ce traitement.
Toutes proportions gardées, ce sont les questions que se pose Chantal Garnier. La responsable pour la région grand Est de l’Association Française des Malades de la Thyroïde (AFMT) affirme sans sourciller : « Nous sommes face à un vrai scandale sanitaire depuis bientôt 5 mois. Le 1er avril, le laboratoire Merck a commercialisé une nouvelle formulation de ce traitement destiné aux malades dont la thyroïde ne fonctionne pas ou plus. La communication a été axée sur la suppression du lactose, pour une meilleure tolérance. »
« En fait, ont été ajoutés du mannitol et de l’acide citrique et nous nous demandons si les changements n’ont pas affecté le principe actif luimême ». En effet depuis cet été, les effets secondaires - parfois graves - ne cessent de se multiplier : « céphalées, prise de poids, fatigue, crampes, troubles visuels, douleurs diffuses, essoufflements, problèmes dermatologiques, pertes de cheveux, voire même malaises cardiaques » détaille Chantal Garnier. « Environ la moitié des malades ont subi des effets indésirables, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a été saisie en juillet mais la seule réponse concrète a été : envoyez les malades aux urgences ! ».
L’ANSM a également assuré que « la nouvelle formule a été démontrée bio équivalente à l’ancienne » et que « cette bio équivalence est la garantie d’une efficacité et d’une sécurité identiques ». Depuis le 23 août, elle a toutefois mis en place un numéro vert, le 0800 97 16 53, pour tenter de répondre aux inquiétudes des malades de la thyroïde. Mais cet afflux de malades ne semble pas émouvoir outre mesure les autorités sanitaires.
Du côté du ministère de la Santé, on affirme : « Il n’est pas question de nier ou de minimiser le mal-être de patients, mais les études de pharmacovigilance, que nous suivons de près, ne permettent pas, en l’état actuel des choses, de remettre en cause la nouvelle formule du Levothyrox, à bien des égards meilleure que l’ancienne. » Selon Chantal Garnier, tous ces maux viendraient à la base de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) : « L’OMS a exigé que la formulation soit identique dans le monde entier, pour permettre aux malades de recevoir le même traitement, quel que soit leur pays ». D’où le changement opéré selon elle en France. Le mieux aurait-il été l’ennemi du bien ? Une chose est sûre : « Un français sur dix a besoin d’une hormone de substitution pour survivre. La thyroïde, organe vital s’il en est, irrigue de ses hormones l’ensemble du corps, des orteils jusqu’aux cheveux. En l’absence de cette glande, un malade n’a que trois à six mois à vivre ».
Selon l’AFMT entre 3 et 5 millions de Français seraient concernés par une maladie de la thyroïde. Avec à la clé un traitement à vie et de lourdes conséquences au quotidien. Alors si les traitements eux-mêmes rendent malades, à quel saint se vouer ? L’AFMT assure soutenir les malades. Sa coprésidente Nell Gaudry « réfléchit à interpeller l’Organisation mondiale de la santé (OMS). S’il le faut, nous irons même manifester devant l’Assemblée nationale ».