La religion au pluriel
La mondialisation en cours n’épargne pas le monde des religions.
Dominicain vivant au Caire, Rémi Chéno possède l’expérience du pluralisme religieux. Avec ce il tente d’inventer un modèle de cohabitation religieuse. Il est vrai que la mondialisation n’est pas qu’économique et culturelle et elle ne saurait se réduire à une sorte d’occidentalisation du monde. Demain, bien plus qu’aujourd’hui, les religions devront cohabiter entre elles, au nord comme au sud. Optimiste, Rémi Chéno estime qu’il devrait être possible « d’habiter plusieurs religions à la fois » (p. 147) tout en évitant tout ce qui pourrait ressembler à de la confusion. Il vaut la peine de citer longuement l’auteur : « Un chrétien profondément enraciné dans sa tradition de foi peut sans doute goûter suffisamment le monde de l’autre musulman pour se sentir lui aussi un peu musulman. Entendons-nous bien : il reste un chrétien, mais il devient progressivement expert du passage et peut goûter à la fois le caractère insurpassable de ses dogmes chrétiens et celui de la foi musulmane. » Que l’on adhère ou non au postulat du dominicain, il me semble qu’on ne peut rester insensible au travail d’un religieux qui sait ce que c’est que vivre aux côtés de ceux qui professent une foi autre que la chrétienne. Optimisme ou naïveté ? Les deux certainement car, dans un domaine aussi délicat, si l’on veut espérer avancer sans doute faut-il être naïf. On considérera avec attention les premiers chapitres de ce petit livre dans lesquels l’auteur rappelle les différentes façons qu’ont les théologiens chrétiens de considérer le dialogue interreligieux : le modèle exclusiviste (il n’y a qu’une vraie religion, la sienne), le modèle inclusiviste (les religions ont en germe la vérité, celle-ci s’accomplissant dans la sienne) et le pluraliste (les religions ont des dénominateurs communs).
de la vie du Christ, vivre avec lui, le suivre, la vie de foi n’est pas un long fleuve tranquille. Jésus annonce à ses disciples qu’il va subir la souffrance, et même la mort. Et c’est le chemin qu’il propose à ses disciples : prendre sa croix pour le suivre. Jésus propose : « si quelqu’un veut », si tu veux, mais c’est un contrat exigeant : c’est cela ou rien, c’est prendre sa croix ou mourir. Et c’est un chemin de vie, malgré les apparences. Nous réagissons souvent comme Pierre : non, pas cela, cela n’arrivera pas ! Avec la tentation de passer à côté de l’épreuve, d’avoir une petite vie sans problème, comme dit le proverbe : « pour vivre heureux vivons cachés »… Mais si nous voulons être de vrais disciples, si nous voulons suivre Jésus, marcher à sa suite, il nous faut prendre notre croix, et renoncer à nous-mêmes, choisir entre le Christ et notre petit confort, nous oublier, laisser au Christ la première place. Et si nous croyons que nous ressusciterons comme le Christ est ressuscité, cela ne peut se faire sans le passage par la croix. Nos croix personnelles sont diverses, et pas forcément choisies ; les croix des peuples souffrants, victimes de la faim ou de la guerre, sont à nos portes. Saurons-nous, comme Simon de Cyrène sur le chemin du Golgotha, prendre à bras le corps la croix du Christ, la croix des migrants, la croix des malades ? Saurons-nous soulager celui qui porte un lourd fardeau ? Saurons-nous accepter notre propre fardeau ? Etre des disciples-missionnaires cela a un coût : il n’est pas possible de rester tranquillement chez soi, de fermer sa porte à toute détresse, quand on est disciple du Dieu-Amour. [Elisabeth Dizière]