Voix du Jura

Le biou en pole position pour entrer au patrimoine culturel de l’humanité

Cette grande fête populaire et viti-vinicole, vieille de 352 ans, sera-t-elle consacrée par l’Unesco ?

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C’est une tradition séculaire qui sera a nouveau célébrée en grandes pompes le samedi 3 septembre. Depuis plus de 352 ans, les vignerons d’Arbois sélectionn­ent les plus belles grappes de leurs vignes et les assemblent pour en former une géante. Le fameux biou est composé de grappes de raisin blanc et noir, ordonnées en bandes alternées et accrochées sur un moule de paille recouverte d’une armature métallique.

Depuis la nuit des temps, on honore ainsi saint Just (saint de la paroisse) à la veille des vendanges, afin que la récolte soit bonne. Les premières mentions du biou figurent dans les délibérati­ons du conseil de ville, datées du 9 septembre 1665. Les gardes-fruits (alors désignés pour surveiller les vignoble avant les vendanges) offraient au moins 2 biou à Saint-Just, l’un devant la statue de celui -ci, l’autre devant l’hôtel de saint Vernier, patron des vignerons. Le biou a su résister à l’anticléric­alisme (1885), à la politisati­on, à la folklorisa­tion (quand en 1933 les porteurs refusèrent de se laisser costumer en « vignerons d’autrefois »), mais aussi aux guerres.

D’origine éminemment religieuse, la cérémonie est devenu aussi une grande fête viti-vinicole et populaire. L’occasion de célébrer un terroir, un savoir-faire et des vins d’excellence, connus bien au-delà du Jura et de la France. Le biou est organisé par la société de viticultur­e, avec le concours de la fruitière vinicole et de la municipali­té. Il débute la veille de la procession : quatre vignerons qui seront les porteurs se chargent de la confection de la grappe géante sous le regard d’autres vignerons, de leurs familles et de proches. Parallèlem­ent, d’autres acteurs composent une couronne de raisins sur le même principe, décorée avec des grappes et des hallebarde­s.

Le dimanche matin, l’horticulte­ur d’Arbois coiffe le biou de fleurs et de drapeaux puis celuici commence à défiler. Devant la maison Vercel se forme un cortège suivant les quatre vignerons portant le biou suspendu à un brancard. Ils sont précédés par un groupe de violoniste­s, issus de l’école municipale de musique. Le cortège remonte ainsi la ville jusqu’à l’église Saint-Just où le biou est accueilli par le clergé. Accroché à un filin, le biou est ensuite béni par le prêtre, et élevé dans le choeur avant une messe où croyants et noncroyant­s se retrouvent. Après la messe, le biou entre dans sa seconde phase. Après un retour à la maison Vercel, un second cortège se forme derrière la couronne de raisin. Accompagné­e d’une fanfare et d’un aréopage de personnali­tés (dont le préfet du Jura), elle sera accrochée au monument aux morts.

Comme tout se finit autour de bonnes bouteilles en Arbois, un vin d’honneur est offert à la population. Au delà de ce côté bon enfant et convivial, le biou aspire toujours à rentrer au patrimoine immatériel de l’Unesco. Présenté en 2014 et 2015 devant le ministère de la culture, le dossier a été retoqué bien que jugé « de grande qualité ». Mais en cette année 2017, la candidatur­e d’Arbois sera enfin présentée à l’Unesco pour une reconnaiss­ance devant le monde entier.

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