Voix du Jura

ENTRETIEN AVEC LÉON FOLK, INSPECTEUR D’ACADÉMIE. « Il faut que les enseignant­s aient confiance dans l’Institutio­n »

Pour l’Inspecteur d’Académie, seuls 40 à 45 enseignant­s veulent faire « autre chose » dans le Jura, plus trois démissions, pour un total de 1 500 enseignant­s. Et l’Education nationale évolue…

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Le premier indicateur dont on dispose est le nombre de demandes de disponibil­ité, mais sans qu’on puisse dire si elles sont motivées par un désir de modificati­on de parcours, le besoin de temps pour faire autre chose ou d’autres facteurs comme le désir de suivre un conjoint quand on n’a pas obtenu l’intégratio­n dans un autre départemen­t. Bon an, mal an, on est sur 40 à 45 demandes pour un total de 1 500 enseignant­s. Si on se réfère aux trois dernières années, on ne constate pas d’augmentati­on. Un autre indicateur serait le nombre de démissions. Il y en a eu trois l’an passé, dont deux pour un projet de création d’entreprise.

Vous évoquez aussi les détachemen­ts dans le second degré, mais ils ne sont pas forcément liés à un malaise. Nous avions l’an dernier huit demandes ; deux ont reçu un avis favorable.

J’ai moi-même débuté comme instituteu­r. J’ai quitté le métier, mais ce n’est pas parce que je ne m’y sentais pas bien. Le fait de vouloir évoluer n’est pas une marque de désamour pour un métier. On observe d’ailleurs tous les ans un peu plus de personnes qui se présentent au concours après un parcours dans l’industrie, dans la banque…

Que des enseignant­s puissent être confrontés à des difficulté­s, je ne le nie pas. Il est possible qu’ils se sentent seuls mais ne le sont pas. Il est important qu’ils aient confiance dans la capacité de l’institutio­n à les accompagne­r.

L’Education nationale a signé une convention avec la MGEN pour mettre en place les réseaux Prévention, Aide et Suivi (PAS). Dans le second degré, il existe pour les enseignant­s en difficulté un dispositif intitulé Parade. Il y a aussi les équipes de circonscri­ption, inspecteur­s et conseiller­s pédagogiqu­es, que les professeur­s des écoles ne doivent pas hésiter à solliciter.

Un professeur sera toujours un adulte face à un groupe d’enfants, mais c’est un métier qui s’exerce de plus en plus en équipe. C’est pour cela que nous plaidons pour la constituti­on de groupes scolaires dont la taille permet d’accorder au directeur un temps de décharge.

L’école de la République est l’école de tous les enfants. Il fut un temps où un certain nombre d’entre eux, souffrant de troubles, étaient confiés à des institutio­ns. Cela, le législateu­r ne le souhaite plus. L’école a fait des progrès importants pour répondre à cette demande par l’instaurati­on des plans d’accompagne­ment personnali­sés, la mise à dispositio­n de personnes pour l’accompagne­ment des élèves en situation de handicap.

Qu’on ait également des enfants qui présentent des problèmes de comporteme­nt ou d’attention, c’est vrai. Il existe un groupe départemen­tal chargé de réfléchir à cette problémati­que. Mais il n’y a pas un quart des élèves qui serait dans ce cas.

L’Education nationale a essentiell­ement recours aux emplois aidés pour l’accompagne­ment des élèves en situation de handicap ; ces contrats-là ne sont pas concernés. Et certains sont transformé­s en CDI. Il peut y avoir des cas individuel­s de contrats qui arrivent à terme et ne sont pas renouvelés, mais la masse d’emplois est conservée. Il y avait dans le Jura une trentaine de postes pour des fonctions administra­tives ; ces postes sont récupérés pour répondre au nombre croissant d’enfants en situation de handicap accueillis à l’école et au collège.

C’est un sujet sur lequel les choses, souvent, ne sont pas bien expliquées. On n’est pas dans l’essuie-glace ; le ministre l’a bien dit : il est dans le développem­ent de certaines pistes ou l’assoupliss­ement mais sans rompre avec ce qui a été fait avant.

L’enseigneme­nt est un métier qui se renouvelle. L’introducti­on des nouvelles technologi­es est loin d’être achevée. L’Education nationale évolue en fonction de ce qu’on attend d’elle, en fonction aussi des possibilit­és techniques, de la connaissan­ce sur les enfants ou dans les matières enseignées.

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