Hommage aux soldats de la Grande Guerre
Pari réussi pour la construction d’une mémoire partagée.
À Neublans samedi et dimanche l’exposition « La Grande Guerre en Plaine Jurassienne » a connu l’engouement mérité. En France, la mémoire de la guerre 14-18 des Poilus, constitue un chapitre majeur beaucoup plus symbolique qu’en Allemagne. Guy Savoye l’organisateur a réussi le pari de rassembler de nombreuses animations permettant de comprendre comment la guerre s’est passée des deux côtés et la construction d’une mémoire partagée.
André et Colette qui oeuvrent avec Maurice dans toutes les associations du village ont fait les gaufres sur un fourneau construit par les Forges de Dole en 1837. André Noirot des Essards, 84 ans, passionné de mécanique défilera – si sa santé le permet aux Champs Elysées en 2018 avec son camion FWD, un des 16 000 modèles construit en 1912 et qui a débarqué en 1917 à Saint- Nazaire : « Au départ c’était un tas de ferrailles et j’ai mis 3 ans pour le rénover. »
Le parcours du camion intéresse les visiteurs, tout comme la reconstitution du campement du groupe Transhumance et Traditions de Giromagny et le tir de mortier de la Courbière d’Oussières- on imagine à peine comment les Poilus supportaient le bruit à longueur de journée et celle du groupe Alsace- Lorraine 30-40 dont la famille alsacienne d’origine a été annexée en 1870, qui présente tout l’armement et l’équipement européens de l’époque.
L’exposition se poursuit à l’intérieur de la salle des fêtes avec « Ceux d’14 » d’Alain Neirinck et Michel Coltey collectionneur passionné. Denis s’étonne de la qualité remarquable des costumes et du matériel exposés : « Je ne suis ni militariste, ni nostalgique de l’Empire français mais le devoir de mémoire est très important pour des générations qui ont été marquées à vie. C’est la guerre la plus atroce et celle qui a eu le plus d’impact sur la société française, elle a vidé les campagnes. » La visite se poursuit avec le recensement de Guy Savoye. Il argumente ses recherches : » Dans le Jura de 1911 à 1921, la population chute de 23 650 habitants soit le 1/10e de sa population, 7 500 soldats sont morts par fait de guerre. Les communes rurales ont la plus large perte avec 21 000 habitants de moins. La Plaine Jurassienne paye aussi un lourd tribut : elle passe e 11 386 naissances en 1911 à 9 959 en 1921. Philippe Vincent, moirantin est le petit-fils du poilu Auguste Vincent. Il a retrouvé et reconstitué tout le parcours de guerre de son aïeul : « Incroyable, il écrivait tout en vers ! »
Roselyne Sarazin sur scène a lu les 28 lettres qui l’ont le plus marquée pour perpétuer le souvenir. De l’avis de tous, une journée inoubliable où visiteurs et exposants ont pu échanger sur une page d’histoire en toute objectivité.