La chasse aux ralentisseurs TROP HAUTS
Avec la FFMC 39, les motards du Jura font le tour des ralentisseurs du département, pour en vérifier la conformité. Et les défauts sont nombreux.
Dans le Jura comme ailleurs, on les trouve plus facilement que les morilles au printemps. Ces dernières années, ils ont littéralement poussé comme des champignons dans presque toutes les communes du département, au grand dam des automobilistes et des motards qui les vouent aux gémonies. Trop hauts, mal conçus, mal construits, certains ralentisseurs seraient « hors norme », voire « hors la loi ».
Légalement, les dos-d’âne ne peuvent être installés que dans des zones limitées à 30 km/h. Ils ne doivent pas non plus excéder 10 centimètres de haut (avec une marge de tolérance de 1 cm), sont interdits sur les pentes, dans les virages ou encore sur les routes desservies par les transports publics ou recevant un trafic supérieur à 3 000 véhicules par jour. De fait, ces ralentisseurs « classiques » sont plutôt en voie de disparition, souvent remplacés par des ralentisseurs plateaux, plus onéreux, mais pour lesquels la réglementation est moins contraignante. Selon les recommandations de 2010, leur hauteur doit être inférieure de 2 cm au moins à celle du trottoir et ils ne doivent pas dépasser 15 cm de haut, pour une pente des rampants allant de 5 à 10 % maximum (7 % si la voie est empruntée par une ligne régulière de transports en commun).
« Ils sont dangereux »
Dans le Jura, ce sont les membres de la Fédération française des motards en colère qui ont décidé de faire la chasse aux ralentisseurs trop hauts. « Parce qu’ils sont dangereux pour les hommes et le matériel, que l’on soit motard ou automobiliste », explique Alain Mazzier, le président de la FFMC 39. « Un motard sur un ralentisseur hors normes ou mal construit peut chuter suite à un guidonage. Et si à l’attaque, c’est la fourche qui amortit le choc, à la descente, c’est le dos qui prend tout. Pour les automobilistes cela use les amortisseurs, ça peut frotter et on peut même y laisser un pare-chocs. »
Mètre et niveau en mains, les motards Jurassiens ont donc décidé de faire le tour des ralentisseurs du département, pour les mesurer en quatre points (entrée et sortie dans les deux sens) afin de dresser un état des lieux exhaustif. Et les résultats ne sont pas brillants : samedi 19 août, pour la première journée de mesures de conformité des ralentisseurs sur le pays des Lacs, sur les vingt-quatre ralentisseurs contrôlés, « trois présentent des défauts de conformités et plusieurs sont construits en dépit du bon sens, avec pente des rampants de 8 % en entrée et de 5 % en sortie », a constaté Alain Mazzier.
Courriers aux maires
Suite de l’opération samedi 26 août, avec une première équipe de motards sur le haut Jura et une seconde sur les routes de Petite montagne. Pour ce secteur, ce sont douze nouveaux ralentisseurs qui ont été testés, avec quelques cas litigieux - des pentes dans la limite haute, mais surtout des indices différents en entrée et en sortie et des bosses - et des cas franchement hors normes, comme ce ralentisseur mesuré à 17 cm de haut à Chambéria. « On le voit tout de suite aux marques, lorsqu’il y a un problème. Là, il est clair qu’il va d’urgence faire quelque chose », souligne Alain Mazzier.
Dans un premier temps, les maires des communes concernés par des ralentisseurs hors normes vont recevoir un courrier de la FFMC, leur demandant de les faire rectifier. Puis, en cas d’absence de réaction, ces ralentisseurs pourraient être bombés à la peinture, afin de les désigner comme « illégaux » aux usagers. Enfin « s’ils ne font toujours rien, nous envisageons d’aller au Tribunal administratif », conclut Alain Mazzier, insistant sur deux jurisprudences favorables, « obtenues grâce à la FFMC ».
En attendant, les opérations de mesure se poursuivent sur le Jura : « il reste encore pas mal de boulot, avec tout le secteur Dolois à faire, la ville de Lons et aussi le Revermont et Champagnole. Mais c’est aussi l’occasion de faire de belles balades et lorsqu’on procède aux mesures, les automobilistes et les motards sont nombreux à nous féliciter et nous encourager. Au moins, on se dit qu’on ne fait pas tout cela pour rien ».
Outre les maires concernés, les services de la Préfecture et ceux du Conseil départemental recevront aussi les relevés des motards…