LE JURA ENVAHI PAR L'AMBROISIE
Le département du Jura est particulièrement touché par l’invasion de l’ambroisie, une plante très allergène qui remonte par le Rhône-Alpes. La lutte doit donc être particulièrement intensive mais réfléchie, alors qu’arrive la grenaison…
ARINTHOD. Ce vendredi 8 septembre en début d’aprèsmidi, ils sont une demi-douzaine sur le parking de la Poste, vêtements de travail et serpe en mains, prêts à conduire avec Laurent Rebillard, le responsable du pôle santé des plantes au Fredon, chargé de coordonner la lutte contre l’ambroisie, le premier chantier d’arrachage citoyen de Franche-Comté. Sur trois sites, ils vont apprendre à reconnaître la plante et la détruire « sous le vent, pour éviter d’entrer en contact avec le reste de pollen et avec des gants pour protéger la peau des allergènes…»
« Il faut vraiment que tout le monde prenne conscience du risque d’invasion et se préoccupe de l’arrachage »,
explique Laurent Rebillard, « la plante remonte et s’installe particulièrement dans le Jura. Un propriétaire ou un exploitant négligent risque une amende de 450€. Pour l’instant, aucune amende n’a été prononcée dans le département, mais désormais, tous les organismes d’État peuvent agir pour faire appliquer l’arrêté préfectoral. Il faudra peut-être quelques PV pour réveiller les consciences… »
« L’affaire de tous » Pour le Fredon de FrancheComté, « l’ambroisie, c’est l’affaire de tous ». L’organisme régional de défense contre les organismes nuisibles estime ainsi que les citoyens devraient être mobilisés à 100 % contre
elle, « mais c’est comme pour tout : il y a des gens qui vont faire attention, et d’autres qui s’en fichent », constate Laurent Rebillard. S’il y a désormais le « feu au lac » dans le Jura, c’est parce que chaque pied d’ambroisie peut libérer en une journée plusieurs millions de grains de pollen et que ceux-ci sont dispersés par le vent sur de grande distance ; mais aussi parce qu’une plante de 1,50 mètre va produire des milliers de graines. Qui pourront donner autant d’autres plantes… L’invasion est donc moins visible que celle de la pyrale du buis - l’autre cauchemar du Fredon - mais toute aussi inquiétante.
La plante serait présente sur 1 800 sites cette année en Franche-Comté, dont 90 % sont situés dans le Jura. « C’est pour cela qu’on a demandé au Préfet de faire davantage de contrôles », reprend Laurent
Rebillard. « Les autorités, dont les maires, pourraient décider de bloquer les récoltes en cas de risque de dissémination, en passant par une décision de justice, mais pour l’instant, aucun corps d’État n’a fait une telle injection. »
Destruction obligatoire
Ordonner la destruction d’une récolte aurait certainement un très mauvais effet sur le monde agricole, déjà en butte à bien des difficultés. « On sait que cela ajoute une contrainte aux agriculteurs, dont le travail est très important pour notre région, mais la lutte
doit être totale », insiste le technicien du Fredon, citant l’exemple d’un exploitant qui, l’an passé à Arlay, n’a pas hésité à passer à la broyeuse une partie de son champ, en lisière, pour détruire la plante avant qu’elle ne fasse ses graines. « Il a ainsi privilégié le reste. »
Les Citoyens sont aussi appelés à la rescousse. Une application pour smartphones (Androïd et iPhone) a été développée, qui permettent aux promeneurs de géolocaliser et de signaler les pieds d’ambroisie qu’ils pourraient trouver. « Le signalement est alors transmis au référent de la commune, qui doit ensuite coordonner les
actions d’éliminations. ». Ce signalement peut aussi être fait par internet, en se connectant au site www.signalement-ambroisie.fr, où par téléphone, au 0972.376.888
Normalement, l’arrachage de la plante doit être fait avant le 15 août, pour éviter la dispersion des pollens. L’arrachage effectué à Arinthod arrive donc « en
rattrapage », mais pas forcément au meilleur moment. Le mois de septembre étant celui de la grenaison, il a été décidé de brûler sur place les plantes arrachées. Et d’éviter ainsi que des graines ne soient transportées sur d’autres sites…