Voix du Jura

Euthanasie d'un faon, pétition, menaces, demande d'enquête

ATHéNAS DANS LA TOURMENTE

- Laurent Villette

L’Étoile. Le centre Athénas est dans la tourmente : depuis l’euthanasie du faon trouvé sur la commune de Lombard (lire encadré), la polémique ne retombe pas. Sur les réseaux sociaux, la publicatio­n de l’homme qui avait recueilli le faon a fait l’objet de plus de 15 000 partages et entraîné 11 700 réactions et commentair­es. Les discussion­s sont également très vives sur les pages des médias qui ont repris l’info, avec des commentair­es souvent très durs et très négatifs pour le centre Athénas, accusé d’avoir mis à mort, sans raison, cet animal.

« Il y avait d’autres solutions envisageab­les »

« Ce n’est pas moi qui ai ramassé la bête, ni qui lui ai donné les premiers biberons », explique l’habitant de Lombard à l’origine de toute l’affaire. Il a récupéré le faon orphelin il y a 3 mois, alors qu’il pesait 2 kg. « Je n’ai pas eu le coeur de le laisser mourir et avec ma famille nous avons pris soin de cette petite chevrette. Mais je connais bien la faune sauvage et je n’aurais pas fait ça. Simplement, les gens qui l’avaient trouvé étaient bien ennuyés, je les ai dépannés. Sur mon terrain, de 4 ha, cette chevrette aurait pu vivre heureuse, mon but n’était pas d’en faire un animal domestique. »

L’homme n’accepte pas le fait qu’Athénas ait pris la décision d’euthanasie­r l’animal dès son arrivée au centre. « Je suis allé rencontrer le directeur, nous avons discuté, je lui ai dit que j’allais demander une autorisati­on préfectora­le pour la garder et passer un certificat de capacité en faune sauvage ; je l’ai invité à venir chez moi voir l’installati­on ; j’étais prêt à fournir le lait pour finir de l’élever. Il y avait d’autres solutions envisageab­les. Un parc de Haute-Savoie était aussi prêt à la récupérer. J’étais en confiance. Et je ne pense pas qu’elle était domestiqué­e : trois jours avant, elle s’était mise en alerte en entendant un claquement de portière automobile. Elle avait conservé son instinct sauvage… Je n’ai pas encore dit à mes filles que Bambi a été tuée… »

Les chasseurs veulent savoir ce qu’est devenu le cadavre

La question de l’euthanasie est aussi posée par la Fédération des chasseurs du Jura qui, dans un communiqué, demande « l’ouverture immédiate d’une enquête par les services compétents afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire : déterminer les circonstan­ces exactes de cette euthanasie, établir ce qu’il est advenu du cadavre, vérifier si les procédures réglementa­ires ont bien été respectées. » Et les chasseurs de développer : « ce centre n’a pas vocation de pouvoir de police ou justice de la faune sauvage qui est régie par des textes précis que le monde de la chasse connaît et applique. Autant l’euthanasie d’un animal détenu ou sauvage, malade ou mourant, peut s’expliquer, autant celle d’un animal en bonne santé, même si sa détention est sujette à discussion, n’est pas admissible, sauf décision de l’autorité compétente et dans des cas bien précis […] La vocation d’un centre de sauvegarde de la faune sauvage, dont certains sont gérés par les chasseurs, est de venir en aide aux animaux sauvages dans le respect de la réglementa­tion et non de prendre prétexte de situations particuliè­res pour éventuelle­ment contribuer à son fonctionne­ment. »

Une pétition en ligne

Afin de « soutenir la famille d’accueil de Bambi contre les procédures judiciaire­s engagées par le centre Athénas, associatio­n de protection de la faune et de la flore ayant euthanasié un faon « au nom de la loi » et de pointer du doigt de manière plus générale cette législatio­n qui amène des personnes à euthanasie­r un animal heureux et en pleine santé », une pétition a été lancée en ligne, sur le site petitiondu­web.com sous le titre : « On a euthanasié Bambi au nom de la loi ! »

Des menaces de mort au centre Athénas

Au centre Athénas, les proportion­s prises par cette affaire inquiètent. « Au-delà des tombereaux d’insultes, mon épouse, mes collègues et moi-même avons reçu des menaces de mort très explicites que nous prenons très au sérieux », explique Gilles Moyne, qui dénonce aussi « une cabale montée et orchestrée contre le centre ».

Pour lui, « on se fait attaquer de toute part, mais ceux qui connaissen­t le centre savent comment on travaille. Nous sommes extrêmemen­t légalistes et c’est sur ce légalisme qu’on nous attaque aujourd’hui. Pourtant les choses sont claires : environ 11 % des animaux qui arrivent au centre sont euthanasié­s, on ne s’en est jamais caché. »

La chevrette de Lombard, trop imprégnée par l’homme selon Athénas, en ferait partie. « Et cela a été fait par un vétérinair­e », affirme M. Moyne. « Concernant l’euthanasie, les textes sont très clairs. Elle est de la compétence du vétérinair­e attaché au Centre et disposant du mandat sanitaire. Il n’appartient pas à la Fédération des Chasseurs de contester le bien-fondé de ses décisions. »

Et de conclure : « avec certains messages, on touche le fond de la bêtise. Beaucoup émanent d’animaliste­s de l’autre bout de la France, mais heureuseme­nt, nous avons aussi de nombreux messages de sympathie de la part des 8 000 personnes qui nous suivent et de nos adhérents. »

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La publicatio­n avec la photo du faon euthanasié­e, postée sur les réseaux sociaux, a suscité un raz de marée de partages et de commentair­es.

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