Christian Lagalice, président de la Fédération des chasseurs
Le deuxième week-end de septembre était celui de « l’ouverture générale » pour les chasseurs du Jura. Et après un printemps favorable à la reproduction des animaux, le gibier est là…
« Nous avons eu un printemps très favorable pour la reproduction pour le poil comme pour la plume. » Les chasseurs du Jura peuvent être satisfaits de la saison qui s’annonce, car le gibier est là en abondance. L’ouverture générale, qui s’est déroulée le deuxième week-end de septembre, se fait d’ailleurs à effectif constant : 8 000 chasseurs environ. « Nous constatons une petite érosion, mais s’il n’y a pas compensation exacte entre le nombre des départs et celui des arrivées, il y a un renouvellement d’environ 200 chasseurs cette année », explique le président de la Fédération, Christian Lagalice. « Nous assistons aussi à un changement sociologique considérable des chasseurs. Avant, il y avait beaucoup d’agriculteurs chasseurs alors que les nouveaux chasseurs sont plus urbains et le nombre des femmes augmente. Dans le Jura, nous accueillons aussi quelques chasseurs de Suisse. »
Si la Fédération entend poursuivre son travail de formation des chasseurs, elle reste aussi très exigeante sur la sécurité, avec notamment des formations spécifiques de chef de battue dans lesquelles s’investissent les chasseurs pour la sécurité. « Le chasseur doit être quelqu’un de bien formé », insiste Christian Lagalice.
Sous l’impulsion de leur président, les chasseurs du Jura sont également très soucieux de l’environnement. Ce qui pourrait faire sourire les parangons de l’écologie si les chasseurs ne pouvaient leur opposer quelques réalisations très concrètes, et une gestion « durable » des espèces (lire encadré). « Je trouve totalement aberrant de prendre des mesures de protection des espèces si, dans le même temps, on ne fait rien pour protéger les endroits où elles vivent », estime ainsi M. Lagalice, « dès qu’on revitalise les espaces, les animaux y reviennent. C’est pour cela que la Fédération s’est fortement impliquée dans la défense et la réhabilitation de zones humides, comme au marais de Panesière. Il faut aller voir, c’est étonnant : la végétation est déjà en train de revenir, la faune va suivre… »
Aujourd’hui, la Fédération des chasseurs est propriétaire de 500 ha dans le Jura, dans lesquels la nature peut reprendre ses droits sans être mise « sous cloche ». C’est notamment le cas à La Chapelle-Voland, où le site des Étangs Vaillant abrite diverses espèces d’oiseaux, 119 espèces végétales et accueille des promeneurs, des ornithologues, des botanistes et des chasseurs dans un grand respect mutuel… « Je suis pour ma part un fervent défenseur du développement durable », reprend Christian Lagalice, « mais il ne faut pas oublier qu’il repose sur trois piliers : le social, l’environnemental et l’économique. Je dis toujours que si on veut sauver l’éléphant d’Afrique, il faut le chasser… »
C’est alors avec une certaine circonspection, voir inquiétude, que les chasseurs voient monter les thèmes de la défense animale. « Pour nous, l’écologie à la Walt Disney est inquiétante, avec une philosophie poussée à l’extrême couplée à un phénomène de mode qui s’adresse à des gens éloignés de certaines réalités naturelles. Après, certaines associations s’en sont emparées… Nous sommes opposés à la notion de droit de l’animal, mais attachés au bien être animal ; nous ne considérons pas l’animal comme un objet insensible, mais là encore, la notion de bien être animal doit être mesurée et mesurable. Il faut faire en sorte que l’animal soit dans un environnement où l’homme favorise son développement, sans en faire son égal. » Et en conclusion de rappeler que « la chasse est un phénomène culturel » et qu’elle est plutôt nécessaire, lorsqu’on voit les dégâts que provoquent les sangliers lorsqu’ils prolifèrent, comme c’est encore le cas dans le Jura.