Les renards contre la maladie de Lyme ?
Alors que la maladie de Lyme est en forte recrudescence dans le Jura, des études scientifiques montrent que « par effet cascade » renards et fouines freinent le développement des tiques infectées.
Les renards et les fouines pourraient-ils devenir les meilleurs alliés de l’homme pour lutter contre la transmission de la maladie de Lyme, particulièrement problématique dans le Jura ? C’est ce que tend à démontrer plusieurs études scientifiques compilées par Hélène Soubelet, docteur vétérinaire et directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, relue par Jean-François Silvain, directeur de recherche à l’IRD et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, en Suisse.
Effet cascade
Cet article montre que moins il y a de renards ou de fouines, plus il y a de tiques porteuses de la bactérie responsable de la maladie de Lyme chez l’homme, suivant un processus nommé « effet cascade ».
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé différents indicateurs : l’activité des prédateurs ; la densité de populations de rongeurs ; et l’abondance totale des larves et nymphes de tiques. Il en ressort que si aucune corrélation n’a été mise en évidence entre l’activité du renard roux et de la fouine et les densités de populations du campagnol ou du mulot, « la charge larvaire sur les deux hôtes principaux, le campagnol et le mulot, augmente avec l’abondance des larves, mais diminue avec l’activité de deux prédateurs. »
16 617 nymphes analysées
Parmi les 16 617 nymphes analysées, les pourcentages de co-infection étaient alors très faibles. Des résultats conformes aux études antérieures qui ont démontré que plus il y a de nymphes de tiques, plus elles sont infectées par des pathogènes, mais plus il y a de prédateurs, moins les rongeurs sont infestés par les nymphes de tiques.
« Cette étude est la première à établir, par des analyses de terrain, une corrélation négative entre l’activité des prédateurs, la densité totale des nymphes et la densité des nymphes infectées pour trois agents pathogènes transmissibles par les tiques », se félicite la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité. « Elle confirme donc que des changements dans l’abondance des prédateurs ont des effets en cascade sur la transmission des pathogènes entre différentes espèces hôtes et que la protection des espèces prédatrices telles que le renard roux, la fouine ou le putois est une solution fondée sur la nature pour diminuer la prévalence des maladies transmises par les tiques. »
« Des études portant sur plusieurs années et sur différentes échelles spatiales sont donc nécessaires pour mieux comprendre les corrélations entre l’activité du prédateur et la densité des rongeurs et des tiques », conclut Hélène Soubelet qui estime aussi que « des études similaires pourraient également porter sur les larves, car les prédateurs pourraient notamment modifier le nombre de larves s’alimentant sur les rongeurs et peut-être aussi le nombre de larves se nourrissant d’hôtes non-rongeurs qui sont des proies des mêmes prédateurs. »