Le tourisme à l'heure numérique
Air bnb, smartphones, tablettes : seul un touriste sur dix passe désormais la porte des offices du tourisme.
« Une des meilleures saisons depuis dix ans » : pour Jean-Luc Gonin, directeur de Jura Monts Rivières, l’été a démarré sur les chapeaux de roue. « Plus 11 % de fréquentation en juin, plus 18 % en juillet », de quoi se montrer « très satisfait », même si août affiche une croissance pus modeste (+ 4 %). Au total 13 000 visiteurs ont franchi les portes de trois offices à Foncine, Nozeroy et Champagnole entre le 1er juin et le 31 août.
Un chiffre qui masque toutefois mal une réalité de plus en plus « tendance » : « Sur dix touristes, un seul passe la porte d’un office » constate Jean-Luc Gonin au vu d’une étude nationale. En cause, la numérisation croissante des touristes d’où une multiplicité de canaux d’informations via divers sites ou applications. Pour le directeur, l’office du tourisme doit vivre avec son temps : « L’information, le tourisme peut l’avoir ailleurs. Notre rôle doit évoluer vers la coordination d’animations, le développement d’activités ». Le tout sans se substituer à des prestataires extérieurs, mais en les « aidant à faire ».
Une petite révolution doublée d’une politique numérique ambitieuse : « Ce ne sera plus le touriste qui viendra à l’office, mais l’office qui ira aux visiteurs ». Jura Monts Rivières compte diffuser ses informations touristiques directement chez certains hébergeurs via certains outils numériques (tablettes, etc.) installés à demeure chez eux. Une realpolitik basée sur le fait que « la destination Jura naît par les hébergeurs ». En d’autres termes, c’est en cherchant un hébergement (via Air bnb, Booking, etc.) que beaucoup de touristes de France et d’Europe viennent dans notre beau département. Avec un corollaire risqué : quand un client n’est pas content d’un hébergement pas assez « professionnel », c’est « dix clients de moins qui viendront sur notre territoire » estime avec son oeil avisé le directeur.
Les réseaux sociaux peuvent en effet démultiplier la mauvaise publicité faite au Jura, effet « boule de neige » aidant. Un phénomène sur lequel personne n’a de prise. D’où l’intérêt de (re) présenter les atouts de Champagnole sur une dizaine de salons par an (comme le salon de la randonnée à Paris, Lyon ou d’autres salons à Colmar, etc.). Et d’avoir rénové en profondeur l’office de Champagnole : à l’issue de longs travaux, il offre désormais belle figure. Plus clair et doté d’une boutique (qui a dopé le chiffre d’affaires), la « vitrine » du tourisme met à disposition des visiteurs des tablettes et des écrans (visibles de l’extérieur durant les heures de fermeture).
Cette mue s’achèvera par la fin de travaux à l’extérieur (à partir de ce mois de septembre) : placette fleurie et pourvue de bancs, grand sigle « I » sur les lampadaires, etc. Parmi les meilleurs souvenirs de l’été, Jean-Luc Gonin gardera le Tour de France, qui a dopé la fréquentation 3-4 jours avant et après son passage. « Et l’eau dans nos cascades », contrairement aux cascades du Hérisson ou de Baume-les-Messieurs à sec en raison de la sécheresse. Des aléas climatiques, qui changent complètement la donne, en particulier pour l’hiver prochain.