TÉMOIGNAGE. Accueillir au sein d’une famille
Cela fait maintenant quatre ans qu’à Chamole, la famille Perrard est devenue famille d’accueil. Avec d’abord des personnes âgées et maintenant des personnes handicapées. Rencontre.
Composer ensemble une grande famille. C’est un peu comme cela qu’à Chamole, Catherine Perrard voit l’accueil à domicile des personnes âgées ou handicapées qui lui sont confiées. Après avoir travaillé dans l’hôtellerie, elle a dû arrêter pour s’occuper de son fils, lorsque celui-ci a été malade. « J’ai alors déménagé de Besançon pour le Jura et j’ai cherché une activité à domicile. Cela m’a amené à regarder quelles étaient les activités possibles et c’est comme cela que j’ai vu que l’on pouvait accueillir des personnes chez soi ». Elle a alors postulé et a été retenue, il y a quatre ans.
Sa maison à l’entrée du bourg étant suffisamment grande, avec 300 mètres carrés habitables, elle peut accueillir trois personnes en plus de ses beaux-parents et de son fils, « qui va, qui vient ». « Notre chance est que les chambres sont très grandes, de plus de 20 m2 comme cela, tout le monde a un espace suffisant pour vivre. »
Deux chambres sont situées au premier étage, bénéficiant d’une salle de bains et de toilettes adaptées au handicap ; la troisième est en fait un petit studio aménagé au rez-dechaussée, située en face de l’appartement aménagé pour les beaux-parents.
Au départ, Mme Perrard a accueilli une, puis deux personnes âgées avant de s’orienter dans l’accueil de trois personnes handicapées : Josiane, 67 ans, Rose, 57 ans et Annick, 47 ans. C’est la cuisine qui sert de QG. C’est là que tous les pensionnaires se retrouvent pour partager les repas et les activités, notamment les préparations des repas. « Mais c’est un vrai travail, qui demande beaucoup de présence et d’attention », rappelle Catherine Perrard.
Accueillir trois personnes lui permet toutefois de dégager un revenu suffisant pour employer une aide à domicile, chargée particulièrement de l’entretien de la maison et qui assure les remplacements. « Car on ne peut pas laisser les personnes seules, même pour aller faire les courses. »
S’agissant de personnes handicapées ou âgées, il faut aussi pouvoir faire face aux éventuels problèmes médicaux et aux différentes démarches administratives. « Et puis elles ont chacune leur caractère et des degrés d’autonomie différents… »
Pour permettre la collaboration harmonieuse dans la maison, et préserver une vie de famille à M et Mme Perrard, des règles ont été instaurées : pas de petit-déjeuner avant 8 h, déjeuner en commun à midi suivi d’un temps de repos jusqu’à 14 h 30 à 15 h ; le soir, repas des pensionnaires à 19 h, puis celui de la famille à 20 h. « Cette organisation nous permet d’être ensemble, mais aussi de préserver une vie de famille, dans un espace qui nous est réservé. Les personnes accueillies peuvent aussi recevoir des visites, parents et amis. En fait, on s’aperçoit vite que les journées ne sont jamais pareilles ! Au départ, j’ai commencé avec des personnes âgées, mais elles bougent moins. Là on peut sortir, faire les courses, aller au cinéma… »
Rose et Josiane sont très autonomes ; Annick un peu moins. Ayant toujours vécu en foyer, elle va d’ailleurs y retourner à la fin du mois, plus adaptée à une vie en collectivité « au milieu d’autres » qu’en famille. À la place, c’est un homme qui sera accueilli et logé dans le studio du rez-de-chaussée. « Il a déjà vécu seul, cela devrait bien lui convenir… »
Les contrats avec les personnes accueillies vont de 4 à 7 ans, avec toujours une période d’essai. « Mais jusqu’à présent, tout s’est toujours très bien passé », souligne Mme Perrard. « On travaille sur de l’humain, les gens ont des sentiments, ils ont eu une vie avant, ils auront une vie après, il faut faire avec… Mais je suis convaincue que l’accueil familial est un plus pour ces personnes. »
Ni Rose, ni Josiane ne démentiront le propos, parfaitement à l’aise au sein de cette famille et cette maison au coeur du Jura.