Voix du Jura

Quels remèdes contre les déserts médicaux ?

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Le désert médical, un mal qui touche plus de trois millions de Français. Comment y remédier ? Dans son plan pour « renforcer l’accès territoria­l aux soins », le gouverneme­nt propose notamment de doubler le nombre de maisons médicales et d’accélérer le recours à la télémédeci­ne.

Les symptômes sont connus. Les déserts médicaux sont des territoire­s où l’offre médicale est insuffisan­te pour répondre aux besoins de la population. Selon une étude de l’UFC Que Choisir en 2016, 5 % des Français sont directemen­t concernés, 14,5 millions de personnes ont des difficulté­s à consulter un médecin généralist­e à moins de 30 minutes de leur domicile et l’accès à un spécialist­e se dégrade, notamment pour les ophtalmolo­gistes, les pédiatres et les gynécologu­es. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Il y a par exemple 798 médecins pour 100 000 habitants à Paris contre 180 dans le départemen­t de l’Eure.

Le diagnostic est posé. La France souffre d’inégalités territoria­les d’accès aux soins. De plus, « les territoire­s potentiell­ement en danger cumulent un ensemble de fragilités tant au niveau de l’accessibil­ité aux soins, qu’au contexte socio-sanitaire tendu, culturel et environnem­ental. Comme pour la fracture numérique », précise le Dr Jean-Marcel Mourgues, du Conseil national de l’Ordre des médecins.

L’atlas 2017 de la démographi­e médicale confirme que le nombre de médecins baisse alors que la population augmente dans 45 départemen­ts français. Au total, le pays compte 198 000 médecins en activité mais les généralist­es sont à peine plus de 88 000, soit 9 % de moins en dix ans. Cette « baisse préoccupan­te » est constatée dans 93 départemen­ts alors que les praticiens étrangers exerçant en France assurent 11 % de l’activité médicale. Ils sont 22 600 dont 46 % originaire­s de l’Union européenne. Une solution pour repeupler les déserts médicaux ? Pas si sûr, si l’on en croit l’Ordre des médecins : « Contrairem­ent à une idée largement répandue, cette population n’est pas une réponse aux difficulté­s territoria­les d’accès aux soins. A l’instar de leurs confrères français, ces médecins étrangers, quelle que soit leur nationalit­é, ne s’installent pas dans les zones définies comme déficitair­es par les agences régionales de santé. »

Alors quels remèdes contre la désertific­ation médicale qui concerne les zones rurales mais pas seulement. « Il y a des villes, parfois même des grandes villes, où c’est difficile d’aller consulter un médecin », a relevé le Premier ministre, Edouard Philippe, en déplacemen­t dans le Limousin pour présenter le plan du gouverneme­nt visant à renforcer l’accès territoria­l aux soins. Parmi les mesures annoncées, un investisse­ment de 400 millions d’€ sur cinq ans afin de doubler le nombre de maisons médicales, l’accélérati­on de la télémédeci­ne avec un meilleur accès au haut débit en milieu rural et une tarificati­on officielle pour les consultati­ons à distance, la création de 300 postes partagés pour les nouveaux diplômés qui exerceraie­nt la moitié de leur temps à l’hôpital et l’autre en cabinet médical là où l’on manque de praticiens, des incitation­s financière­s pour l’installati­on des jeunes médecins dans les déserts médicaux, un cumul emploi-retraite facilité pour aider les médecins seniors à rester en activité.

Ce plan « ne comporte aucune mesure spectacula­ire qui marquera les esprits », critique Le Monde qui y voit « une palette de mesures techniques, comme une boîte à outils permettant à chaque territoire d’inventer plus facilement sa propre réponse face au manque de médecins ». Rien non plus sur le numerus clausus, régulant le nombre d’entrées dans les études de médecine en France. « Des mesures coercitive­s, je n’y crois pas », assume Edouard Philippe. « Nous devons voir comment rétablir l’équilibre entre médecins généralist­es et spécialist­es, tout en anticipant ce que sera l’exercice de la médecine dans quinze ans avec le numérique, l’intelligen­ce artificiel­le », explique la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, au quotidien Ouest-France. « Cela peut passer par l’ouverture du numerus clausus, comme l’avait annoncé le président de la République. Mais si on prend une décision maintenant, on risque d’avoir mal évalué les besoins de demain. »

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