« L’hôpital n’est pas mort, il se transforme »
Gérard Vincent, délégué général honoraire de la Fédération hospitalière de France, répond à une des questions posées lors de son récent forum régional à Dole : la santé, un levier d’aménagement du territoire ?
La relation de l’hôpital avec les autres acteurs de la santé, les médecins généralistes en particulier. Son importance pour le dynamisme d’un territoire. Lors du récent forum organisé de la Fédération hospitalière Bourgogne Franche-Comté a proposé au cours de deux tables rondes à des médecins, directeurs d’hôpitaux, représentants du ministère, élus… d’échanger sur chacun de ces thèmes. Les questions soulevées furent nombreuses. Faut-il, par exemple, regarder à la distance quand ce qui compte pour le patient est d’être pris en charge par une équipe qui maîtrise les dernières avancées médicales concernant la pathologie dont il souffre ? Autres interrogations : faut-il imposer aux jeunes médecins de s’installer dans les territoires les moins bien pourvus ?
Objectivement, il aurait fallu desserrer le numerus clausus, mais on ne le fait pas car si tous les médecins qu’on forme vont sur la côte d’Azur, ça ne servira à rien. Tous ceux qui ont réfléchi au sujet sont arrivés à la conclusion qu’il faudrait réguler
Tous les hommes politiques, depuis des générations, ont eu peur de jeunes médecins qui se disent : je vais faire médecine où je serai libre de faire ce que je veux. Et le jour où ils se mettent en grève, la population dira : ils ont raison ces jeunes médecins ; et les médecins les plus anciens les défendront aussi.
C’est ce qui se passe dans le cadre des groupements hospitaliers de territoire, au nombre de 135 en France. Il peut y avoir trois, cinq ou sept établissements qui appartiennent à un même groupement. Même s’ils gardent leur autonomie juridique, ils sont obligés de coopérer. On le fait donc aussi, mais à bas mot. Mais eux non plus ne vont pas fermer leurs établissements. Ils vont fermer des plateaux techniques avec de la chirurgie ou de l’obstétrique mais garder des structures pour développer notamment les soins de réadaptation et l’hébergement des personnes âgées.
C’est un mouvement international. La médecine a tellement progressé qu’on reste moins longtemps à l’hôpital, donc on a besoin de moins de lits. Et puis, pour travailler correctement, il faut un volume d’activité minimum. Un chirurgien qui ne fait pas assez d’interventions par an perd la main.
Toute structure qui n’évolue pas est condamnée. C’est vrai pour une entreprise, c’est vrai pour un hôpital, c’est vrai pour une administration. Mais l’hôpital n’est pas mort, il se transforme. Aujourd’hui, on hospitalise les gens atteints de cancer ; demain on leur prescrira un cachet comme aujourd’hui contre le cholestérol. L’hôpital va s’axer beaucoup plus sur la prévention. Les gros hôpitaux iront faire des consultations avancées dans les régions un peu déshéritées en médecins, et tout cela va tirer la qualité vers le haut.
Je ne crois pas à cela. Que reproche-t-on aux élus ? De faire de la surenchère et de se battre pour maintenir des structures dépassées voire dangereuses, ou de développer des équipements lourds alors que les établissements sont trop petits. Mais la santé est une des préoccupations première des gens. Qui les représente le mieux ? Chaque Français ne s’exprime pas chaque jour pour dire ce qu’il veut en matière de santé. Ce sont forcément les élus qui s’expriment à leur place. Et dans la plupart des pays européens, les élus sont beaucoup plus proches que chez nous dans la gestion des affaires sociales et sanitaires.
On a cité le cas d’établissements importants qui envoient des équipes médicales dans des petits établissements pour opérer ou des chirurgiens de petits hôpitaux qui viennent une ou deux fois par semaine opérer dans le gros établissement. La qualité, c’est les gros aident les plus petits et les plus petits viennent se former dans les gros. Il y a une émulation qui renforce l’ensemble du dispositif.