La majorité recomposée
Au Conseil départemental du Jura lundi matin, la majorité a été recomposée avec trois nouveaux vice-présidents élus : Christine Riotte, Céline Trossat et Cyrille Bréro. M. Godin a perdu sa vice-présidence.
Il ne fallait pas y voir autre chose qu’une « clarification ». Joliment orchestrée, certes, mais sans autre but que celui de la « clarté politique », dixit le président Clément Pernot. Lundi matin, c’est en effet pour pourvoir les deux vice-présidences laissées vacantes par Marie-Christine Chauvin et Sylvie Vermillet, élues sénatrices, que les Conseillers départementaux étaient convoqués en séance plénière. Mais comme cela était pressenti, cette séance a été l’occasion de recomposer un peu plus profondément la majorité de l’assemblée départementale et surtout d’exclure de sa vice-présidence François Godin, pour ses accointances avec « La République en Marche ».
Il aurait pu en être autrement. Notamment si une seule liste de deux noms avait été déposée pour pourvoir les deux postes vacants, obligatoirement réservés - au nom de la parité - à deux femmes. Mais au final, ce sont trois listes qui ont été enregistrées. « Conformément à la loi », a alors expliqué Clément Pernot, il a fallu procéder à un vote pour l’ensemble des dix vice-présidents, après avoir élu, au sein de la commission permanente, les 33 conseillers départementaux.
Une seule liste de dix noms ayant été déposée, émanant du groupe des élus de la droite et du centre, elle a été adoptée à une large majorité : 29 votants, 22 pour, 2 bulletins blancs, 5 nuls.
François Godin « exclu »
Visiblement affecté par ce choix de lui supprimer sa viceprésidence, François Godin a quitté l’hémicycle peu après sa prise de parole, regrettant « d’être exclu définitivement de la majorité départementale » non pas pour une raison liée à sa mission au sein du département, « mais par posture politicienne ». Et l’élu de Morez de reprocher au président Pernot un « un arbitrage assez lamentable » : « mon seul tort serait-il de soutenir et souhaiter la réussite du Gouvernement ? De voir réussir une politique après 30 ans d’échecs ? Chacun a un rôle à jouer dans le redressement de la France, notre collectivité a son rôle. C’est une action au service du Jura que l’on attend de nous, le Département doit rester un maillon fondamental de notre territoire. Notre Département devrait avoir une action positive, plutôt que se servir de ce remaniement pour m’exclure ? J’ai été élu par ma présence auprès des habitants de mon canton plutôt que sur mon appartenance à une famille politique, je me considère toujours dans la majorité départementale. »
Sans se démonter après cette charge, Clément Pernot a rappelé que suite aux élections, deux groupes ont été constitués au sein du Conseil départemental : l’un par les deux élus de gauche, Françoise Barthoulot et Philippe Genestier ; l’autre par la droite et le centre, regroupant la majorité départementale, dont ne fait pas partie M. Godin. Et d’expliquer : « Je ne veux pas que vous vous installiez en martyr. Vous avez fait des choix politiques en allant jusqu’à vous présenter à l’élection sénatoriale pour La République en marche. Cela ne remet pas en cause l’action que vous avez portée, mais dans un contexte politique compliqué, lorsque vous avez fait le choix de suivre le candidat Macron, j’ai pris une décision de cohérence politique qui était de suspendre votre délégation. Après, c’est le groupe qui a décidé de la liste devant le représenter à l’organe exécutif… »
Philippe Antoine (LREM, Bletterans) a alors dénoncé « la vision conservatrice » du président Pernot, estimant « qu’en ne faisant pas de place à la minorité, la majorité se referme sur elle-même » : « elle se prive [avec l’exclusion de M. Godin] d’un élu fidèle, travailleur, qui connaît ses dossiers et ouvert au dialogue. » « Vous avez tort de personnaliser ce débat », l’a repris Clément Pernot, « François Godin a rejoint LREM, il s’est positionné ainsi. Tant qu’il y aura des élections, il y aura des partis et différents courants d’idées, cela s’appelle la démocratie. C’est l’ensemble du groupe qui s’est prononcé et il n’y a pas eu de doute : le choix s’est fait à l’unanimité. »
Au final, le plus étonnant est peut-être que les deux groupes, celui de la droite comme celui de la gauche, se sont retrouvés en accord sur cette recomposition. Et là ou Marie-Christine Dalloz a évoqué un choix « sans colère, ni mépris », à gauche, Philippe Genestier s’est félicité « de la clarification » qu’apporte cette élection, tout en décochant une flèche aux élus LREM, estimant que ceux qui soutiennent le Président de la République « qui mène une politique de droite » sont également de droite. Restait alors au président Pernot à conclure qu’au final, « tout le monde est le bienvenu dans la majorité départementale, de la gauche à la droite et au centre »…