Voix du Jura

Le Jura, futur désert médical ?

Si les hôpitaux de Jura Sud sont en pleine réorganisa­tion, peu à peu, le Jura perd aussi ses médecins libéraux. Au risque de rejoindre la longue liste des « déserts médicaux »…

- L. V.

Comment éviter que le Jura ne devienne un désert médical ? Car si pour l’heure, notre départemen­t ne figure pas vraiment dans la liste des départemen­ts les plus sinistrés, cela en prend le chemin. On compte ainsi au total 844 médecins inscrits à l’Ordre dans le Jura, dont 347 généralist­es. Soit en moyenne 94,30 généralist­es pour 100 000 habitants, contre 110,10 en Côte d’Or, 115,5 pour le Doubs ou encore 97,7 pour la HauteSaône. Nous sommes donc loin d’être bien lotis, d’autant que 116 communes (17 %) du Jura sont considérée­s comme étant déficitair­es en médecins généralist­es. Parmi les bassins de vie les moins bien dotés en généralist­es de Franche-Comté, trois sont Jurassiens : Chaussin, Clairvauxl­es-Lacs et Morez, tandis que les communes les mieux loties du Jura sont Lons-le-Saunier, avec une densité de 17,3, Salins-lesBains (16,7) et Dole (14,9).

Tous secteurs confondus (généralist­es et spécialist­es) le taux de médecins pour 100 000 habitants s’établit à 230 dans le Jura, pour 366 dans le Doubs ou encore 317,3 en moyenne en France.

Un autre indice doit nous alarmer. Si on regarde le profil comparé de la démographi­e médicale par rapport à la population Insee sur la période 2010/2017, on constate que sur 7 ans, le Jura perd 8,9 % de pratiquant­s médicaux (hors médecine générale), alors que dans le même temps, sa population prend de l’âge : à population stable, on constate une hausse de 24 % de seniors entre 60-74 ans, + 11 % d’habitants âgés de 75 ans et plus, mais aussi une baisse de 4 % dans la tranche des 0-19 ans, -12 % dans celle des 20-39 ans et -1 % dans les 40-59 ans. Et nos médecins sont comme nous : ils vieillisse­nt…

Déjà dans le départemen­t, nombreuses sont les communes et communauté­s de communes qui investisse­nt dans des maisons médicales, afin de répondre davantage aux aspiration­s des jeunes praticiens et faciliter les installati­ons. Et le départemen­t a peut-être une autre carte à jouer, celle de l’installati­on de médecins étrangers, lorsqu’on constate que parmi les nouveaux installés, 70 % sont Français, pour 10 % ressortiss­ants de l’Union européenne et 20 % hors union européenne alors que, par exemple, le départemen­t des Alpes-de-Haute-Provence accueille 80 % de nouveaux praticiens issus de l’Union européenne, pour seulement 20 % de Français. L’autre piste explorée dans d’autres départemen­ts qui pourrait le devenir dans le nôtre est l’embauche de médecins salariés par les conseils départemen­taux. Un transfert du mode d’activité libérale à l’activité salariée qui a ainsi progressé de 10 points en 10 ans…

Source : Atlas de la démographi­e médicale 2017 édité par le Conseil national de l’ordre des médecins.

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