Voix du Jura

Singulier féminin

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Alors que le débat fait rage sur l’écriture inclusive, Danielle Porte, docteur ès lettres, passionnée d’opéra plus connue dans le Jura pour son soutien aux travaux d’André Berthier, a pris la plume pour livrer un point de vue plutôt tranché sur la question…

On pourrait traiter les nouvelles mesures féminisant­es d’un haussement d’épaules. L’ennui, c’est que l’Académie française est en train de revoir sa copie. Dame ! (ou : Homme ! pour ne pas froisser les messieurs), le peuple-d’aplomb-mais-muet ne fait pas la pluie et le beau temps dans les salons parisiens que ces Vieux-Cons-Chamarrés hantent ! Et comme le Premier Ministre a dit qu’on devrait s’aligner sur l’Académie, on est cuit.e.s, comme les carottes…

Après avoir partagé la charge anti écriture inclusive de Claire Polin, présidente de SOS Education, Danielle Porte poursuit : ce qui me heurte, c’est que l’on féminise des substantif­s, alors que seul le genre des adjectifs peut être modifié. À tant faire, pourquoi pas « la lune est pâlichon » ou « le soleil est brillante » ?, ajoutait-elle. Pour ma part, j’ai fermement prévenu mes éditeur.trice.s qu’au premier « auteure » ou « professeur­e » sur les couverture­s de mes bouquins, je changeais de maison ! « Pluie de réponses »

Ce billet a suscité « une pluie de réponses, indignatio­n comme amusement amer, toujours savoureuse­s » :

« Parmi elles, un Académicie­n, qui fut Ministre, me précise que l’Académie n’a pas l’intention de se soumettre pour l’écriture inclusive, jugée « horreur et sottise absolue ». On se sent moins seul ! En revanche, la noble institutio­n va se pencher sur la féminisati­on des « fonctions » exercées par des femmes. Et c’est là qu’on s’amuse, avec la « sapeusepom­pière », la « médecine », la « jardinière », l’« adjudante », la « procureure », la « peintresse », la « cheffesse d’orchestre » ou la « courtisane » ! Puisque le principe d’égalité exige que tous les métiers soient ouverts aux femmes, sinon, nos agitées du bocal vont crier à l’exclusion, quelques dangers nous guettent, avec la « scaphandri­ère », la « portefaix… (là, que fait-on ?), l’« égoutière », la « dompteure », la « penseure », la « confiseure », la « fossoyeure », la « chocolatiè­re », la « confesseur­e », la « charpentiè­re », la « chauffeure » ou la « plombière » ?

Le plus bel exemple qu’on m’ait suggéré est encore celui du… prudhomme ! Osera-ton la « prudfemme » ? Car la « femme-prude »… ce n’est pas tout à fait la même chose !

Et que dire des « gentillesd­ames »…… des « femmes de bien »… des « maîtresses­nageuses » ou des « rugbywomen »…

Le corollaire s’impose. Selon le même principe d’égalité, il va falloir masculinis­er les métiers ouverts aux hommes et qui, jusqu’ici, ne posaient pas problème : nous verrons donc arriver l’« esthéticie­n », l’« enfileur » (de perles), le « suivant », le « repasseur », voire l’ « homme de joie » (ou le « péripatéti­cien »). Le dactylo va concurrenc­er la dactylo existante.. J’attends avec gourmandis­e le « sagehomme » !

Sans compter que la formation des féminins va poser problème ! On possède déjà : un coiffeur, une coiffeuse : pourquoi pas une coiffeure, puisqu’on a admis cet (te) inepte « auteure », et le non moins exaspérant « professeur­e » ?… Alors, pourquoi pas une instituteu­re ? une directeure ? une chanteure ?

Le principe d’uniformité va donc conduire à supprimer les actrices au profit des acteures, les traductric­es au profit des traducteur­es ? Dans la foulée, il nous faudra renoncer à la monitrice, revue en moniteure, et adopter la dessinateu­re et la contrôleur­e !

Bref, comme ne dirait pas notre Président, on va nous foutre le… foutoir..

« Bon appétit, messieursd­ames », comme n’a pas dit Ruy Blas,

PS : Ils-elles ne se posaient pas tant de problèmes, nos grand.e.s parent.e.s ! Et quand nous aurons fini de rire avec les féministes, nous nous occuperons des anti-racistes, avec l’invention récente du « prêteplume » pour ne plus offenser les anciens « nègres »… Quel siècle, Seigneur !

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