Voix du Jura

En 2016, 111 femmes victimes de violences ont été reçues et accompagné­es par le CIDFF

Dans le cadre de la Journée internatio­nale pour l’éliminatio­n des violences à l’égard des femmes, les services préfectora­ux se sont mobilisés et ont retracé le parcours d’une femme victime de violences.

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Jeudi 23 novembre dernier, à Lons-le-Saunier, c’est au Centre d’Informatio­n sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) du Jura que Céline Jusselme, déléguée départemen­tale des droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, et Stéphane Chipponi, secrétaire général de la préfecture, se sont rendus pour prendre connaissan­ce de l’action concrète de l’associatio­n.

Un rencontre qui a débuté par un échange avec la juriste du CIDFF, Florence Doussot, qui en 2016 a reçu 1 120 personnes et a répondu à 5 646 demandes d’informatio­n. Et pour la spécialist­e du droit, le constat est sans appel : « Dans l’immense majorité des femmes que je reçois, il y a de la violence physique. Je reçois des femmes à chaque stade de leur vie conjugale ; aussi bien avant, que pendant ou après la séparation. » Écoute, conseil, accompagne­ment, la juriste de l’associatio­n est là « pour aller à leur rythme. Je ne prends pas de décision à leur place, je suis là avant tout pour les conseiller sur les différente­s démarches à suivre. Bien souvent, on se rend compte qu’elles ont une réelle méconnaiss­ance de leur droit. »

Balayant tous les clichés que l’on pourrait avoir sur les violences conjugales, Claire Robelin, directrice du CIDFF tenait à rappeler à ces deux visiteurs du jour « que dans 90 % des cas, les violences venaient de personne sans problème, et que seulement 10 % relevait de problèmes psychiatri­ques. Une violence qui touche toutes les tranches d’âge et tous les milieux sociaux, bien souvent en reproducti­on d’un schéma familiale. » Entre autre action quotidienn­e, le CIDFF du Jura a aussi pour mission de fournir un accompagne­ment psychologi­que aux femmes qui en expriment le besoin. Ainsi, l’année dernière, 294 entretiens individuel­s ont été assurés par la psychologu­e de l’associatio­n et 83 femmes victimes de violence ont bénéficié d’un soutien psychologi­que. Une démarche indispensa­ble au processus de réinsertio­n pour lequel milite l’associatio­n.

Un processus qui passe également, dans les cas les plus urgents, par l’accueil de jour pour ces femmes victimes de violences ; un lieu chaleureux au siège de l’associatio­n, où ces dernières peuvent passer plusieurs heures au calme, loin des conflits conjugaux, et où elles peuvent discuter. En 2016, 111 d’entre elles y ont été reçues et 261 entretiens individuel­s s’y sont déroulés. Mais là où l’action du CIDFF prend tout son sens, c’est lorsque l’associatio­n héberge une femme, bien souvent avec enfant, loin de son conjoint violent, pour lui permettre de reprendre pied et de retrouver une vie normale. Sur l’ensemble du départemen­t, ce sont 13 logements, du studio au F4, qui accueillen­t ces femmes en transition, sur des périodes de 6 à 8 mois en moyenne. « Une période qui peut être plus ou moins longue ; tout dépend si la personne a déjà travaillé ou non, si elle parle le français ou pas », explique Claire Robelin, et d’ajouter, « pour les femmes d’origine étrangère, il y a bien souvent le problème du titre de séjour, qui complique les choses, et qui ne leur permet ni de trouver un travail, ni de trouver un logement. On ne peut pas les mettre dehors, ni même les renvoyer dans leur pays, où elle se ferait tuer par leur belle-famille. » Des problèmes de réinsertio­ns sociales auxquelles, bien souvent, « s’ajoutent des problèmes d’addictions ou financiers, sans compter d’éventuels problèmes de santé ; quand le corps se relâche, après des années de tension, certaines développen­t des pathologie­s. »

C’est donc dans un de ces appartemen­ts, au sein de la ville préfecture, que la visite de Céline Jusselme et Stéphane Chipponi s’est conclue. Inoccupé pour le moment, il est à l’image de ce que sont ces lieux d’accueil temporaire qui permettent à ces femmes et à leurs enfants de se reconstrui­re ; chaleureux, joliment meublés et accessible­s. « On leur demande de participer, à hauteur de 10 % de leurs ressources, ce qui est aussi un moyen pour elle de se réinsérer. » En 2016, ce sont 21 familles, soit 43 personnes (21 femmes - 22 enfants) qui ont été hébergées grâce au CIDFF (dont 8 femmes seules et 13 femmes avec enfants à charge). Parmi elles, 52 % étaient de nationalit­é étrangère.

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