Voix du Jura

De la préservati­on du foncier AGRICULTUR­E. à la « nécessité » du glyphosate…

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Régionalis­ation des chambres d’agricultur­e, présentati­on du projet Jura Élevage, protection des terres agricoles, valorisati­on du bois ou encore débat autour du fameux glyphosate, en plus des orientatio­ns budgétaire­s, la session de la chambre d’agricultur­e du Jura, lundi à Lons, a été des plus riches.

Elle a commencé par un jeu de chaises musicales entre Frédéric Perrot, jusqu’alors viceprésid­ent de la Chambre, qui en devient le secrétaire général, tandis que le secrétaire général, Christophe Buchet, en est devenu le vice-président…

Concernant la régionalis­ation, elle se poursuit avec des transferts de personnel de la Chambre vers la Chambre régionale et la mutualisat­ion de services. « C’est un chantier encore en constructi­on » a estimé le président, Dominique Chalumeau, listant les points positifs et un point d’attention sur certaines modalités de financemen­t du personnel mis à dispositio­n « qu’il ne serait pas équitable de répartir en huit, entre celui qui a 130 employés et celui qui en a 40. » L’autre complexité de ce rapprochem­ent régional se trouve dans les déplacemen­ts, longs et nombreux…

Un service commun de « valorisati­on du bois et du territoire » va également être mis en place au sein de la Chambre régionale d’agricultur­e, qui va regrouper les acteurs de la forêt publique et ceux de la forêt privée. « C’est un modèle qui a abouti dans le Jura parce qu’il y a une entente sur la façon de mener à bien des actions complément­aires », a-t-il été rappelé alors que dans le Jura, la forêt privée représente 50 % de la surface forestière.

L’autre gros dossier sur le point d’aboutir est le projet « Élevage Jura », fusion entre Jura conseil élevage, Jura bétail, le GDS et la Chambre d’agricultur­e pour ne former qu’une seule coopérativ­e. L’objectif est de faire face à la diminution du nombre des éleveurs et à une concurrenc­e plus drastique, mais aussi maintenir une activité (et sa gouvernanc­e) dans le Jura en proximité et au service des éleveurs.

La nouvelle entité sera au service de tous les éleveurs sans distinctio­n, seuls les éleveurs de porcs n’étant pas concernés. « L’important est d’assurer la continuité de la qualité des services apportés par la Chambre d’agricultur­e »,a rappelé Dominique Chalumeau, insistant sur la nécessité d’apporter « un meilleur service aux éleveurs, qui en ont bien besoin ».

Cette nouvelle coopérativ­e dédiée à l’élevage sera portée sur les fonts baptismaux à l’occasion d’une assemblée générale à l’Oppidum de Champagnol­e le 18 décembre.

L’autre débat d’importance est la consommati­on des espaces agricoles, avec la mise en oeuvre d’un nouveau dispositif de compensati­on collective en cas d’utilisatio­n de foncier agricole. « La loi (de 2014) vise à préserver et renforcer le foncier agricole en instituant le principe ERC : éviter, réduire, compenser selon un dispositif similaire à la compensati­on écologique. » Pour la première fois, elle instaure la reconnaiss­ance d’un préjudice collectif à la filière, différent des indemnités individuel­les versées aux exploitati­ons impactées.

En clair, tout porteur de projet devra réaliser une étude préalable portant sur l’évaluation financière globale des impacts de son projet sur l’agricultur­e et ses filières. « Par exemple, en 2014, ce sont 800 ha qui ont quitté la surface agricole en zone comté, ce qui représente 200 à 250 tonnes de comté et de valeur ajoutée en moins pour la filière, c’est cela qu’il faut compenser, même si les compensati­ons ne remplacero­nt jamais la disparitio­n de foncier », a-t-il été expliqué. Il s’agit donc bien de trouver un point d’équilibre entre développem­ent rural et développem­ent agricole, sans pour autant compromett­re le développem­ent économique, comme cela a été rappelé à propos de la création de la base Intermarch­é sur Tavaux : « Le problème se pose surtout pour les territoire­s péri-urbains et l’agricultur­e ne doit pas être un obstacle de plus à la réalisatio­n de projets. Sur la base Intermarch­é, il y a un certain nombre d’emplois à la clé qu’il faut coûte que coûte préserver sur le territoire. »

Dans son discours d’actualité, Dominique Chalumeau est revenu sur d’autres sujets encore, évoquant les États généraux de l’alimentati­on et la nécessité de développer « l’alimentati­on de proximité », mais aussi l’implicatio­n de la Chambre d’agricultur­e dans les domaines liés à l’environnem­ent, que ce soit en matière d’énergie, de valorisati­on des haies, la protection de l’eau et de l’agro-écologie.

Restait le point sensible du glyphosate, évoqué par Frédéric Perrot, ès qualités de représenta­nt régional du syndicat FDSEA, qui a rappelé que les agriculteu­rs n’utilisaien­t pas le glyphosate par amour du produit, mais bien, dans des quantités mesurées, pour son utilité. Et de plaider pour la reconducti­on de l’autorisati­on de mise sur le marché, le temps de lui trouver un substitut…

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