ASMH : 50 ans au service des personnes handicapées et des plus démunies
L’association organise mercredi 6 décembre à Dole une journée de conférences et débats sur les évolutions de la crise en charge.
A l’occasion des 50 ans de l’Association Saint-Michel-leHaut (ASMH), son président Michel Fauvey rappellera le parcours de l’association de sa création à Marnoz à aujourd’hui. Il a toutefois prévu de ne consacrer que quelques minutes au passé, préférant réunir son équipe et ses partenaires pour une journée d’échanges sur l’exercice de leurs missions.
L’ASMH, ce sont 23 établissements et services, qui interviennent auprès d’enfants, adolescents et personnes en insertion. Autant d’« institutions » à qui, à la suite des recommandations du comité de l’ONU pour les droits des personnes handicapées en faveur d’un suivi « désinstitutionalisé », le ministère de la Santé demande de travailler à l’inclusion en milieu ordinaire des personnes qu’elles accompagnent. Face à ces injonctions, Michel Fauvey a souhaité organiser une rencontre avec Gérard Zribi, fondateur de l’Association nationale des Directeurs et Cadres d’Esat (ANDICAT). Le thème de son intervention sera : « La désinstitutionnalisation et l’inclusion, un vrai malentendu ? », suivi d’un temps de débat.
Dans les années 80-90, il y avait à l’ASMH une personne chargée de prospecter auprès des entreprises afin qu’elles recrutent des personnes en situation de handicap psychique. « On a arrêté parce qu’il y avait trop de casse », souligne Michel Fauvey, qui met en garde contre les jugements hâtifs : « Il est fréquent qu’un nouvel éducateur se dise : je ne comprends pas pourquoi cette personne est chez nous. Elle semble en effet à l’aise, mais la maladie psychique est sinusoïdale. Quand elle sort du CHS, on va peut-être mettre six mois pour lui redonner confiance. En cas de rechute, ça prendra deux ans ». Le président de l’ASMH ne rejette pas l’idée d’une inclusion dans le monde du travail ordinaire, mais plutôt sous forme de mise à disposition temporaire ou pour des missions de quelques heures dans la semaine. « On a fait plusieurs tentatives de personnes qui sont allées travailler chez Diager, tout en continuant à être suivies par un moniteur d’atelier. A chaque fois, la personne nous disait qu’elle avait l’impression d’être mal vue, qu’elle n’arrivait pas à s’habituer au bruit… Au bout de six mois, elle demandait à revenir à l’Esat ».
Le discours sur la « désinstitutionnalisation » peut rejoindre d’autres préoccupations, d’ordre économique. Mais pour Michel Fauvey, il ne faut pas croire que c’est ainsi qu’on réduira de façon très significative les coûts de prise en charge : même si une personne qui était en foyer accède à un logement individuel, le service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) assure un accompagnement permanent, y compris en soirée ou le week-end sous forme d’astreinte.
D’ailleurs, ce qui préoccupe les directeurs d’établissements spécialisés dans l’accueil des personnes en situation de handicap, c’est aussi la perspective d’un calcul de leurs dotations en fonction non plus de leurs coûts de fonctionnement mais des besoins estimés de leurs pensionnaires. « On ne veut pas une libéralisation de la prise en charge », déclare Michel Fauvey pour qui cette volonté de « rationalisation » présente le risque de susciter des contentieux avec les familles ou les assurances. Des commissions, auxquelles ANDICAT participe, sont chargées de faire des propositions sur le sujet. Le président de l’ASMH a bon espoir que le projet fasse long feu : « Le travail ne débutera que quand ils auront le résultat de l’étude des coûts 2018. La ministre a ensuite annoncé une période de réflexion sur cinq ans… »