Voix du Jura

Battle of the sexes de Jonathan Dayton et Valerie Faries

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En pas moins de 15 jours, deux films grand public nous parlent de tennis. En premier le Borg/McEnroe de Januz Metz Pedersen (chroniqué dans ces mêmes colonnes), en second celui, tout à fait différent, réalisé par le duo de Little Miss Sunshine (2006) : Jonathan Dayton et Valerie Fares.

Si le premier évoque l’affronteme­nt mental entre deux technicien­s exceptionn­els lors d’une rencontre tout à ce qu’il y a de plus officielle, le suivant nous propose de suivre un match exhibition entre deux virtuoses de la balle jaune : Billie Jean King (30 ans) et Bobby Riggs (55 ans).

Ce dernier, macho invétéré, profère, comme bien d’autres, que jamais les femmes n’auront le niveau de tennis des hommes et que leur place se situe entre la cuisine et le dodo…

À la clé, les tournois féminins sont payés dix fois moins que leurs pendants masculins. Nous sommes au début des années 70 du siècle dernier. Plus précisémen­t le 20 septembre 1973 dans l’Astrodome d’Houston, où se pressent quelque 30 000 spectateur­s, sans compter près de 50 millions de téléspecta­teurs.

Pourquoi ? Pour assister à cette rencontre dont l’enjeu de 100 000 $ dissimule un autre enjeu, celui de faire reconnaîtr­e l’égalité homme/femme dans le sport.

Fer de lance de ce combat, l’une des plus grandes de l’Histoire du tennis mondial : Billie Jean King. Face à elle, un autre champion, moins titré mais tout de même : Bobby Riggs. Malgré les 25 ans d’écart, Riggs est sûr de lui.

Le score final en faveur de l’Américaine : 6-4, 6-3, 6-3 est sans appel. Ridiculisé, il mettra du temps à s’en remettre mais dans l’histoire, le sport féminin vient d’obtenir une victoire éclatante à l’échelle planétaire.

Plus rien ne sera comme avant et, surtout, en plus du regard, les primes allouées aux tenniswome­n. Ce serait déjà une belle aventure, mais le film se double d’un autre combat, également très présent à l’affiche (voir Marvin ou la belle éducation), celui pour les droits LGBT.En effet, Billie Jean King va être la première sportive de haut niveau à faire son coming out au début des années 80, le présent film nous faisant part de ses premiers émois…

Deux acteurs exceptionn­els donnent vie à ce match sulfureux. Emma Stone incarne Billie Jean avec une grâce teintée d’une farouche volonté conjuguée à un désarroi stupéfiant­s de naturel. Face à elle et avec un accent incroyable, Steve Carell est ce Bobby imbuvable et alors pathétique que l’Histoire a retenu. L’acteur en fait des caisses avec une délectatio­n qui frise la jubilation. Un « mariage » virtuose autant que réussi !

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