Marie-Louise
Déjà auteur des remarquables Derniers feux de la monarchie,
Charles-Eloi Vial, la trentaine, vient de frapper fort une nouvelle fois avec cette biographie de la seconde épouse de l’Empereur Napoléon, sacrée impératrice des Français en 1810. Audelà d’un style coulant, construit sous les auspices des meilleures sources, voilà un livre qui fera date. Prévenue contre la France dès son plus jeune âge à la cour de Vienne, Marie-Louise n’a pas vingt ans lorsqu’elle est livrée, pour des impératifs purement politiques, à celui que l’Europe coalisée appelle l’Ogre corse. De cette union naît en 1811 un fils, François, fait duc de Reichstadt après que sa mère a regagné l’Autriche à la chute définitive de l’Empire napoléonien en 1815. La suite, Charles-Eloi Vial la trace au cordeau. Devenue duchesse de Parme par la grâce des Alliés, elle va s’appliquer à devenir une bonne gouvernante, attentive aux besoins de son peuple, mais soumise contre son gré aux aléas de la politique internationale. Pas facile de gouverner avec l’indépendance nécessaire lorsqu’on est fille de l’empereur d’Autriche et qu’en Europe centrale, vers les années 1830, souffle un vent de liberté généré par l’aspiration des peuples à l’indépendance. Charles-Eloi Vial s’applique, avec l’objectivité que lui fournit une abondante documentation, à décrire l’action d’une princesse longtemps honnie en France pour avoir abandonné son empereur de mari à la vengeance des coalisés, ardents à mettre un terme aux visée impérialistes de la Grande Nation. De fait, l’auteur réhabilite aussi bien la jeune princesse devenue impératrice que la duchesse de Parme. Sans doute fut-elle oublieuse du sort de celui qui l’avait fait montrer sur le trône mais on peut penser qu’elle lui était attachée. Au fond, conclut C.-E. Vial, « Marie-Louise aura donc surtout eu pour elle d’avoir toute sa vie su jouer le rôle qu’on attendait d’elle. » (p. 357).
Charles-Eloi Vial, MarieLouise, Perrin, 2017, 439 pages, 24 €