Enzo, sur scène, un enfant comme les autres

Après le succès des représentations données le mois dernier dans la commune, la troupe de théâtre d’Aiglepierre vient ce samedi divertir le public de Pont d’Héry. Le Foyer rural reversera un euro par entrée à l’association

Enzo, c’est un des comédiens de la troupe des ’’enfants’’. Avec ses six camarades, âgés de 10 à 15 ans, il interprète

Le tribunal examine la requête d’enfants qui se plaignent d’être trop réprimandés. Il joue le rôle de M. Râleur. Un trait de caractère qu’on ne lui reconnaît pas spontanément. « Non, Enzo n’est pas râleur », confirme Séverine, sa maman. Le jeune homme aurait pourtant de bonnes raisons de trouver que ce qui lui arrive n’est pas juste. De façon accélérée, sa vue s’est dégradée. Lui qui avait entamé une formation de jeune arbitre au tennis n’arrive plus à lire sans l’aide d’une loupe électronique ni même à reconnaître les visages.

C’est en allant assister aux représentations données par la troupe d’Aiglepierre qu’Enzo avait ressenti l’envie de, lui aussi, monter sur scène. Faire du théâtre l’a aidé à prendre confiance. « Dès les premières représentations, on a noté que ça lui donnait de l’assurance », souligne sa maman.

C’est la 5e pièce à laquelle Enzo participe. Cette année, en raison de son handicap, il a demandé un petit rôle. Pour apprendre les répliques, il a utilisé un logiciel de synthèse vocale qui lui lisait le texte. Il n’a plus qu’une vision périphérique, grâce à laquelle il arrive à se déplacer, mais il faut que le lieu ne soit ni trop sombre, ni trop lumineux. Heureusement, la salle d’Aiglepierre n’est pas équipée de projecteurs trop puissants…

« En coulisse, parmi les enfants, il y en a toujours un qui est présent pour l’aider », souligne Déborah Rollet, dont le souci est « qu’Enzo sente qu’il est un enfant comme les autres. On fait tout pour le mettre à l’aise. Pour l’an prochain, on trouvera un rôle qui lui convient ». Une juste récompense : « Ça a parfois été difficile de réunir les enfants pour les répétitions ; Enzo, lui, n’en n’a pas manqué une ! »

Le handicap d’Enzo a été diagnostiqué quand il avait cinq ans. Il souffre de la maladie de Best, maladie génétique qui entraîne une dégénérescence maculaire. Au début, comme il ne pouvait plus relire les leçons à la maison, les professeurs lui ont donné un enregistrement des cours, mais ceci est vite devenu trop fatiguant. D’autant que le garçon qui est cette année en classe de 3e apprend aussi le braille. Un enseignant spécialisé lui dispense chaque semaine deux séances au collège, une autre en alternance à Besançon et à la maison.

La troupe, le village, le collège, la ligue de tennis, les proches de Séverine et Romain ses parents, de nombreuses personnes se sont mobilisées. Le comité des fêtes a reversé la recette d’une des représentations. Une amie a ouvert une cagnotte sur le site leetchi.com. « On a reçu des messages de partout en France, même de Nouvelle Calédonie », s’étonne le papa d’Enzo. En six semaines, cet élan de solidarité a permis d’approcher la somme nécessaire à l’acquisition de lunettes e-sight. Les essais ont montré que cet appareil, équipé deux mini-écrans situés au plus près de l’oeil, permet à Enzo de retrouver une partie de son acuité visuelle et donc de l’autonomie. Pour mieux préparer son prochain rôle ? « Oui, j’ai envie de continuer à faire du théâtre… », confie-t-il.