Humbert-Droz : des montres rares à destination des connaisseurs
A la tête de l’atelier Réparalux à Besançon, ce sont quatre générations d’horlogers qui se sont succédé. Pour fêter leurs 60 ans, une montre a été créée, la HD-1. Quatre « HD » ont depuis suivi, pour le plus grand bonheur des collectionneurs.
A Besançon, l’atelier a résisté aux tempêtes et aux tourments des années 70 – 80, lorsque les montres à quartz ont déferlé sur l’horlogerie et que les ateliers ont fermé les uns après les autres, balayant les plus grandes marques, dont l’emblématique Lip. Et quand, en ce jour frisquet du mois de décembre, Frédéric Humbert-Droz présente la HD-5, cinquième création horlogère de la maison, on sent un peu d’émotion et beaucoup de fierté.
Un atelier fondé en 1956
Le nom de l’entreprise, c’est Réparalux. Elle a été fondée dans la capitale de l’horlogerie Française en 1956 par Marcel Humbert-Droz. A l’époque, l’atelier assemblait des montres pour différentes marques, dont Lip, et assurait le service après-vente. C’est encore le cas aujourd’hui : avec une grande discrétion, Réparalux s’occupe du SAV de grandes enseignes de la place Vendôme, à Paris, et effectue des assemblages de qualité pour de jolies marques connues ou en devenir.
En 1968, Jean, le fils de Marcel, diplôme de l’école d’horlogerie de Besançon en poche, prend la succession de l’entreprise. C’est lui qui va subir de plein fouet la crise. « J’étais jeune, mais je me souviens bien du souci qu’il se faisait pour l’atelier, qui employait 70 personnes ; à l’époque, on recevait tout en pièces
détachées et il fallait monter entièrement les calibres. Mais tout cela a été balayé presque du jour au lendemain, il a fallu licencier et on s’est demandé ce qu’on allait devenir. On croyait par partie perdue, mais non… Aujourd’hui, nous sommes 17 personnes », se souvient Frédéric qui à son tour reprendra les rênes de la société familiale en 1995. Il réalisera, en 2004, le déménagement de l’atelier vers de nouveaux locaux au Parc Alpia à Besançon, avant de passer à son tour le flambeau à la quatrième génération, Julien, qui a lui suivi l’école horlogère de Morteau et obtenu un diplôme des Métiers d’Art.
Une montre pour célébrer les 60 ans
C’est Julien qui, en 2016, pour célébrer les 60 ans de la société, a décidé de créer la marque familiale HumbertDroz et d’y accoler les valeurs qui ont toujours été celles de l’atelier : précision, respect de la tradition horlogère et qualité digne du fameux « Suisse Made ». Leur première montre, la HD-1, a d’ailleurs accueilli un mouvement automatique Suisse ETA 2824. Une valeur sûre pour une montre très masculine, à la fois moderne et rétro. « Les 200 exemplaires numérotés ont été vendus en un mois et demi auprès de passionnés d’horlogerie, juste par une présence sur les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille », explique Frédéric Humbert-Droz. Deux autres séries de 200 montres ont alors été lancées : une HD-1 « carbone » et une HD-1 noire, qui ont également été rapidement vendues. En 2017, une nouvelle HD-1 en PVD est donc proposée, avec un cadran légèrement revu par rapport aux premières séries de HD-1.
Les séries HD-2 sont bien différentes, plus classiques, convenant aux hommes comme aux femmes, mues par un mouvement Suisse à quartz, ce qui permet un prix de vente très doux (moins de 200 €) pour des garde-temps à l’assemblage sans reproche et aux matériaux haut de gamme. Les HD-3 sont restées dans cette facture de montres classiques, équipées cependant d’un mouvement dont le nom « parle » aux amateurs : France Ebauche 5611, celui qui a notamment équipé les Yéma…
Sortie en 2017, la HD-4 est bien différente et plutôt étonnante. Proposée en quatre finitions, acier, bois, émeraude et onyx, elle accueille, dans un style totalement révolving des années 70, un rare calibre de manufacture allemand Bernhard Förster. La boîte métallique est rectangulaire, l’heure, les minutes, le jour et la date se lisent sur des disques, tandis qu’une petite trotteuse à aiguille rouge tournicote tranquillement pour signaler le temps qui passe. « Ce sont des mouvements de grande qualité dont la petite particularité est d’avoir une date rapide que l’on peut régler en tirant sur la tige du remontoir… Mais comme pour les mouvement France Ebauche 5611, il s’agit d’authentiques calibres anciens, qui étaient neufs de stock », souligne Frédéric HumbertDroz.
« C’est mon père qui avait acheté ces mouvements, mais le client qui a passé la commande ne les a jamais payés, alors ils sont restés au coffre toutes ces années… »
Dans ses stocks, Réparalux n’avait que 400 de ces mouvements Förster, plus les pièces nécessaires au SAV. « Il a fallu deux années de travail pour tous les reprendre, les démonter, les nettoyer, les huiler avec une huile haut de gamme et les remonter. Mais ce modèle séduit vraiment les amateurs de montres rares ». Et pour du calibre de manufacture, le prix est plutôt contenu : 649 € !
On revient à des choses plus classiques – voire chic – avec la série des HD-5, récemment mises en vente. Lunette polie, aiguilles dauphine, cadran avec chiffres arabes ou romains,
fonds en « clous de Paris », mues par un mouvement Suisse ETA 2892-A2 à la finition au top, elles sont, elles, proposées à 449 €…
Au final, avec ses petites séries très qualitatives destinées aux collectionneurs et des prix très contenus, « possibles grâce à la vente directe, via Internet », Humbert-Droz n’est pas près de concurrencer les « mastodontes » Suisses. Mais quand pour le prix d’une simple montre à quartz de grande série vendue par nos voisins, on peut se payer un objet rare et totalement haut de gamme dans ses finitions, labellisé « made in France » tant pour l’assemblage que de nombreux composants (comme les bracelets ou les aiguilles), il n’y a pas vraiment à hésiter.