Voix du Jura

Saint-Honoré Paris

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Lip, Dodane, Humbert-Droz ou encore Michel Herbelin et Saint-Honoré, sans oublier Utinam et Vuillemin : toutes ces maisons qui font l’horlogerie franc-comtoise se disent jurassienn­es par le massif, mais sont situées dans le départemen­t du Doubs. Alors, que reste-t-il de l’horlogerie purement Jurassienn­e ? Pas grand-chose, à vrai dire. Mais une entreprise basée à Pont-de-Poitte semble relever le défi : il s’agit de Koppo, fondée il y a un peu plus d’un an par un entreprene­ur plein d’idées, Clément Meynier.

Ingénieur diplômé des Arts et métiers, spécialist­e de la fusion nucléaire, il s’ennuyait ferme au CERN, à Genève, « à travailler sur un projet qui, au mieux, aurait abouti en l’an 2100 », se rappelle-t-il. « Je n’avais donc pas d’intérêt dans mon travail et j’ai eu peur de passer ma vie à ne rien faire. »

Pour faire passer ce « bore out » (syndrome de l’ennui au travail, à l’opposé du « burnout », syndrome du surmenage…), il s’est promené dans Genève et a fait du lèche-vitrines horloger, là où sont réunis les grands noms de la haute horlogerie. « Mon grand-père était ébéniste et j’ai toujours admiré les métiers d’art, j’ai toujours eu la passion de l’artisanat », explique-t-il. « Un jour, chez Cartier, j’ai vu la montre dédiée aux métiers d’arts, vendue 62 000 €. Je me suis dit qu’il serait intéressan­t de rendre ces métiers d’art accessible­s à tous. »

Ainsi est née l’idée de proposer des montres aux cadrans en marqueteri­e sur bois, réalisés en placage chêne-frêne, épicéa-chêne fumé, chêne teinté ou noyer. « Les cadrans ont été très difficiles à mettre au point », explique-t-il.

L’idée s’accompagne en plus d’engagement­s. L’ensemble de la fabricatio­n est française et se fait dans un rayon de 300 km autour de Pont-de-Poitte avec des matériaux haut de gamme : la marqueteri­e réalisée à la main pour partie dans le Jura et dans les Vosges avec des essences de bois locales ; l’assemblage se fait à Morteau avec des bracelets en cuir fabriqués à Besançon selon un procédé de tannage végétal ; les aiguilles Dauphine sont fabriquées par le dernier artisan de Morteau et les mouvements à quartz Ronda viennent de Suisse. « Seuls les boîtiers arrivent d’Asie, car il n’y a plus de fabricants locaux. Ils sont en acier inoxydable 316 L, qui est l’acier chirurgica­l, en PVD ou plaqué or rose de 6 microns. »

En tout, le catalogue Kopo compte 45 références. Il s’agit de belles montres, « inspirées par la nature encore intacte que l’on trouve dans le Jura », faites pour durer et vendues entre 150 et 399 €. Et à côté de la gamme « bois », une gamme « mosaïque de pierre » granit et ardoise se prépare. Pour les amateurs de montres et les collection­neurs, une série de montres Koppo devrait aussi être proposée avec des mouvements automatiqu­es.

« Il faut bien voir que derrière tout cela, il y a des emplois créés, mais que le savoirfair­e horloger est aussi à faire renaître », estime Clément Meynier. Ainsi, son fabricant de bracelet travaille-t-il avec l’AFPA dans un but de réinsertio­n ou de réorientat­ion de carrière de demandeurs d’emploi. « Cet atelier fait de très jolies choses et nous pensons à proposer, en plus des montres, une gamme d’objets en cuir ».

La belle aventure devrait se poursuivre avec le lancement d’autres montres, d’autres projets pour 2018 et 2019. Et au final, c’est un créateur épanoui et heureux que l’on peut croiser avec ses montres et ses présentoir­s.

Ne vous y trompez pas : les montres « Saint-Honoré Paris » sont bien pour partie fabriquées dans le Doubs, du côté de Morteau, même si elles préfèrent afficher le label « Suiss Made », avec notamment un atelier du côté de La Chaux-de-Fonds. Malgré une fabricatio­n de qualité, la gamme (autour de 350 € à quartz, vers 900 € pour les automatiqu­es et jusqu’à 3 000 € pour les modèles « Tour Effel »), n’est pas très connue en France, et la marque est plutôt diffusée à l’internatio­nal. Ces montres sont assez classiques, déclinées en une dizaine de modèles pour femmes et une dizaine de modèles pour hommes aux noms rappelant les grands lieux de la capitale : Hausmann, Monceau, Orsay ou encore Trocadéro.

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