Tracteurs Labourier : bien des souvenirs mais aussi une aventure qui continue
Le LD 15 installé au milieu du rond-point du Bel Air pointe vers l’atelier désormais spécialisé dans la production d’engrenages.
Depuis peu, un tracteur LD 15, le best-seller de la marque Labourier, trône au milieu du rond-point du Bel Air à la sortie de Mouchard. L’inauguration a fait revenir des souvenirs d’un temps pas si lointain où l’entreprise donnait du travail à des centaines de personnes sur Mouchard, Pagnoz, Port-Lesney et les communes environnantes.
La saga Labourier a débuté à Morez. L’entreprise vendait des machines à coudre PFAF et des cycles. A l’issue de la Première Guerre mondiale, début de la mécanisation en forêt et en agriculture, elle s’installe près de la gare de Mouchard à Port-Lesney pour les approvisionnements et la livraison des productions.
Les Labourier seront les premiers à croire au moteur diesel de faible consommation, un argument commercial convaincant en période de pénurie de l’après-guerre. L’agriculture doit nourrir la France qui se relève. Dans les années 50, les marques comme Renault, Massey-Ferguson s’implantent sur le marché. Les tracteurs Labourier y participent également. L’entreprise en vend dans toute la France et ses colonies et exporte aussi dans les pays européens.
Jusqu’en 1990, l’entreprise continue avec des engins spéciaux : camions pour le transport du bois, tracteurs forestiers, chasse-neige, mais la concurrence rude conduit à une reconversion vers les engrenages industriels, la taille et la restauration. En 1997, un atelier plus adapté est construit sur la zone artisanale du Bel-Air. Le bureau suit en 1998, après la démolition des anciens ateliers.
Jusqu’à présent, les ateliers occupaient une surface de 750m². Un agrandissement de 350m² se termine pour accueillir une nouvelle machine numérique, un centre d’usinage en 3D pour la réalisation de dentures spéciales. Julie succède à son père François-Patrick Labourier, dit Pitt. Alain Mazurek, responsable technique, est associé depuis 2012. L’entreprise, qui emploie huit salariés, regrette qu’il n’y ait plus de formation pour le taillage. Un tourneur fraiseur possédant un bac pro doit être formé sur place.
L’oncle du dernier embauché a travaillé à l’époque des tracteurs. « La boucle est bouclée, place aux jeunes et l’aventure continue », concluait FrançoisPatrick Labourier lors de l’apéritif offert à l’occasion de l’inauguration du tracteur sur le rond-point du Bel-Air.
Cinq anciens ouvriers étaient présents pour l’événement. Robert Rondot d’Arc-et-Senans y a travaillé de 1951 à 1958, puis a rejoint les UMAS qui étaient sur son lieu d’habitation. Jean Caréna de Port-Lesney a travaillé de 54 à 60 puis est parti sur Besançon et revenu à Mouchard chez Commerçon, avant d’entrer dans la police à Paris. De 1962 à 67, Claude Caréna de Port-Lesney travaillait chez Labourier ainsi que son père et sa mère ; il est parti chez Jean Ravoyard puis avec trois associés, il a créé l’entreprise Les Charpentiers réunis. Titulaire d’un BEP de mécanique, Bernard Marmier de Port-Lesney y a de 54 à 66 gravi les échelons jusqu’à occuper le poste de chef d’atelier, puis poursuivi sa carrière chez Porter Besson, boîte de mécanique de précision de cinquante ouvriers à Besançon où il devient directeur technique. Jacky Méraux, qui termina sa carrière comme employé municipal à Mouchard, a lui aussi travaillé chez Labourier, de 1965 à 1985.