Voix du Jura

Hervé Jacquot, un Jurassien au plus haut niveau de l’athlétisme français

Il est un des trois arbitres qui supervisen­t l’enregistre­ment des performanc­es lors des épreuves nationales ou internatio­nales.

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Sans arbitre ou juge, pas de compétitio­n. C’est vrai dans les sports collectifs et dans les discipline­s artistique­s mais cela vaut tout autant pour l’athlétisme. « Notre rôle consiste à vérifier les conditions dans lesquelles les performanc­es ont été réalisées », explique Hervé Jacquot, qui cite cette première évidence : « Pour comparer deux temps sur 100 mètres, il faut que la longueur des pistes soit strictemen­t identique… »

Les athlètes jurassiens ont tous croisé le responsabl­e de la formation des arbitres et président des officiels techniques à la ligue Bourgogne - FrancheCom­té au moins une fois sur les compétitio­ns régionales. Ce qu’ils ne savent pas forcément, c’est que cet ancien Dolois, sauteur en longueur de niveau national quand il était junior et qui vit aujourd’hui en Haute-Saône, licencié à l’Entente Jura Centre Athlétisme (Salins, Arbois, Poligny, Champagnol­e), exerce aussi au niveau national et même sur des championna­ts d’Europe ou du Monde.

Mi-décembre, le Doubs Sud Athlétisme organisait un meeting en salle à Besançon. La condition pour participer est d’être titulaire d’une licence fédérale. « Sitôt que la licence est enregistré­e, la personne apparaît sur un listing qu’on peut consulter à distance », explique Hervé Jacquot, qui commence par constituer les séries : « Il ne faut qu’il y ait toujours au moins un couloir entre deux coureurs d’un même club ».

Son rôle de secrétaire est ensuite d’enregistre­r les résultats. Grâce à Logica, les adversaire­s auront quasiment en direct accès aux performanc­es réalisées lors du concours de ce jour. Le système s’améliore régulièrem­ent avec bientôt une version 3.37 qui permettra aux juges de transmettr­e les temps, les distances ou les hauteurs depuis un smartphone ou une tablette. « C’est un peu mon bébé. Ça fait vingt ans que je travaille dessus », dit-il.

Hervé Jacquot partage avec deux autres arbitres la responsabi­lité du bon fonctionne­ment de l’outil informatiq­ue et du secrétaria­t sur les épreuves nationales et internatio­nales organisées en France. En 2017, c’est lui qui était de service pour la finale élites du championna­t de France interclubs. Pour 2018, il a notamment noté à son agenda le match qui opposera les équipes de France, d’Espagne, d’Italie et d’Angleterre juniors à Nantes ainsi que le championna­t de France cadets - juniors. Le règlement internatio­nal est mis à jour tous les deux ans. Jusqu’à présent, quand son nom était appelé, le sauteur avait une minute pour s’élancer. Au 1er janvier 2018, il n’aura plus que 30 secondes. « Les contestati­ons viennent souvent des entraîneur­s qui ne sont pas au courant d’un nouveau règlement ou bien qui l’interprète­nt en leur faveur », observe Hervé Jacquot, dont l’une des qualités est de savoir rester « assez froid » : « Pour un officiel, il n’y a pas de notion d’appartenan­ce. Je ne me préoccupe pas de savoir s’il y a c’est un athlète de mon club qui court ou qui saute. »

Hervé Jacquot a participé à au moins cinq DécaNation. En 2003, Paris avait accueilli les Mondiaux ; il était en charge du balisage, ce qui n’était pas une mince affaire : « Les normes concernant les cônes, les drapeaux… sont très précises ». En 2011, lors des championna­ts d’Europe en salle à Bercy, il avait été missionné sur la longueur et le triple saut.

Il a aussi été plusieurs fois délégué technique de l’équipe de France, rôle qui consiste à défendre les athlètes en cas de problème réglementa­ire. Il raconte comment, lors d’un mondial handisport, le relai français déficient visuel a failli être privé de finale : « Heureuseme­nt, on avait fait des photos qui montraient que le passage de témoin avait bien eu lieu en zone ». L’équipe lui doit un peu sa médaille de bronze…

Reste un événement auquel Hervé Jacquot n’a pas participé, ce sont les Jeux olympiques et paralympiq­ues. Ce sont l’IAAF et le CIO qui nommeront les jurys de Paris 2024, dont il espère faire partie : « Si je ne suis pas retenu pour les épreuves des athlètes valides, comme je suis membre de la commission nationale handisport, j’aurai une deuxième chance… »

Hervé Jacquot aura alors 57 ans, dont 44 années d’athlétisme. Il a en effet pris sa première licence en 1980. À l’époque, l’une des figures du DAC était Monique Lachiche, qui possédait le diplôme d’arbitre internatio­nal. « La Franche-Comté a toujours été reconnue au niveau de ses officiels. Il y a une tradition qu’on essaie de perpétuer », dit Hervé Jacquot. Il cite encore Claude Bottin, qui fut son professeur d’EPS au lycée Edouard-Herriot de Champagnol­e. « Je lui avais promis qu’un jour, je me licenciera­is chez lui… » Ce qu’il fit, avant que le club de Champagnol­e Morez ne fusionne avec son voisin du Triangle d’Or pour donner naissance à l’EJCA, auquel il est resté fidèle.

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