Voix du Jura

Ils refusent la vaccinatio­n

Pour la Confédérat­ion paysanne, la stratégie de vaccinatio­n contre la fièvre catarrhale n’a pas davantage de chance d’éviter sa propagatio­n qu’en 2008-2009 face à la FCO-8.

- Benoît Ingelaere

« Il est absurde de taper si fort et à l’aveuglette à cette époque de l’année pour une maladie véhiculée par un moucheron ». Nicolas Girod, éleveur à Salins et membre du secrétaria­t de la Confédérat­ion paysanne, regrette que le Conseil national d’orientatio­n de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV) refuse pour l’instant d’entendre ce discours. Le syndicat entend cependant relayer une forte inquiétude chez les éleveurs. En milieu de semaine dernière, alors qu’on comptait 31 animaux infectés en France, dont deux dans l’Ain et deux en Haute-Saône, ils étaient une cinquantai­ne à avoir rejoint le collectif Doubs - Jura pour la liberté vaccinale.

Dans le but d’amplifier la mobilisati­on, les contestata­ires étaient réunis mercredi dernier à Salins, au Gaec du Fort Belin. Etienne Gentner, est éleveur à Condes, une des 26 communes du départemen­t placées en périmètre interdit. Il commence par souligner une erreur souvent commise : « On parle de ’’cas’’, mais il n’y a aucun animal malade, juste des animaux positifs ». Et de suggérer : « Il y a au moins 30 cm de neige. Si vous voyez un agriculteu­r chaussé de raquettes à neige avec une combinaiso­n et un pulvérisat­eur, alertez vite l’hôpital psychiatri­que ! ». Nadine Mohr témoigne de la pression exercée en Haute-Savoie, d’où la maladie est partie : « J’ai prévenu le vétérinair­e que je ne ferai pas vacciner mes animaux. Le lendemain, la DDT est venue avec les gendarmes pour m’apporter un PV ».

Une maladie vectoriell­e

Le vétérinair­e du GIE Zone Verte explique que le classement de la fièvre catarrhale parmi les maladies contagieus­es n’a qu’une seule justificat­ion : freiner les importatio­ns d’animaux ou de viande sur le marché français. Mais à la différence par exemple de la fièvre aphteuse qui se transmet effectivem­ent d’un animal à l’autre, il n’y a aucune chance de cantonner ou éradiquer une maladie transmise par une maladie vectoriell­e à partir du moment où on constate désormais en France la présence du moucheron qui cause sa propagatio­n. « La désinsecti­sation n’a d’efficacité que si on traite les animaux toutes les semaines. Et en faisant cela, on les tue tous, y compris les abeilles. Et comme on traite les animaux avant de les abattre, on expose les bouchers puis les consommate­urs à la présence produits nocifs sur la viande », dit-il.

Quant à la vaccinatio­n, Paul Polis rappelle qu’elle n’est pas un acte anodin, surtout sur des animaux qui abordent l’hiver fatigués, donc plus fragiles. Il pointe en particulie­r le risque d’avortement­s.

100 millions par an

Si ces arguments ne devaient pas être entendus, reste la question de la mise en oeuvre de la stratégie d’éradicatio­n. Elle fait dire au vétérinair­e que l’effervesce­nce va bientôt se calmer : « Les moucherons travaillen­t pour nous. C’est plus lent car ils sont moins actifs l’hiver, mais l’extension a déjà eu lieu. Il suffit de chercher la maladie pour la trouver. On ne pourra pas vous obliger à vacciner tout simplement parce que les stocks de vaccin seront épuisés ».

C’est d’ailleurs le scénario qui s’était passé en 2008-2009, lors de l’arrivée en France de la fièvre catarrhale de type 8. « On a dépensé 200 millions d’euros sans réussir à l’éradiquer. Aujourd’hui, personne n’en parle, alors qu’il est partout ».

 ??  ??
 ??  ?? Mercredi dernier au Gaec du Fort Belin à Salins, Etienne Gentner, de Condes, témoigne de son engagement au sein du collectif.
Mercredi dernier au Gaec du Fort Belin à Salins, Etienne Gentner, de Condes, témoigne de son engagement au sein du collectif.

Newspapers in French

Newspapers from France