Voix du Jura

3 200 km à vélo à travers la Sibérie

Yves Chaloin a quitté Vincelles le 1er décembre pour un voyage de 3 mois à travers l’Est de la Russie.

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Yves Chaloin n’en est pas à sa première expérience de voyage à vélo. Ainsi a-t-il déjà relié la France à l’Ukraine en 1994, rejoint Israël en 1999, réussi un tour du monde en 2002. En 2005, il repartira pour en boucler un second en tandem avec son épouse Olivia, avant de monter au Cap Nord, en hiver, toujours avec Olivia. Enfin, en 2012-2013, il réussira encore en hiver une traversée de la Suède. Au long de ces expédition­s il aura ainsi parcouru plus de 82 000 kilomètres. Pour celui qui dit « J’aime bien partir, mais j’aime bien rentrer », nul doute qu’avec cinq années passées dans le Jura sans partir, il était impatient de reprendre la route.

Un projet engagé et difficile

Parti de Vincelles le 1er décembre dernier, Yves Chaloin a prévu cette fois d’effectuer 3 200 km en vélo en Sibérie orientale et en autonomie totale. Ayant quitté là-bas la ville de Never le 6 décembre, il rejoindra Magadan, port de la mer d’Okhotsk, à proximité de la péninsule du Kamchatka. Avant son départ Yves déclarait : « Je suis impatient car je vais partir sur un terrain difficile. Il faut composer avec cela et se conditionn­er mentalemen­t pour, si tout se passe bien, ne pas avoir à abandonner. »

Il devra affronter non seulement des parcours plus ou moins accidentés, traîner 60 à 70 kg (remorque et sacoches chargées, vélo), mais aussi affronter des températur­es négatives record, même pour un résident jurassien. Oïmyakon, bourgade située sur l’itinéraire est réputée être le pôle du froid de l’hémisphère nord, avec une températur­e record de - 71,2 °C, enregistré­s le 26 janvier 1926. Sous ces climats et avec le poids à tracter, arriverat-il à tenir une moyenne de 60 à 80 km par jour comme il le souhaite ?

Un équipement adapté

Vêtements, matériels techniques, et même le vélo monté en pneus cloutés et dont les moyeux ont été traités par SKF avec de la graisse utilisée en aéronautiq­ue, sont adaptés au froid. « Sous ces conditions, on est bien sûr le vélo ou sous la tente, ce sont les transition­s qui sont très difficiles. On est tout le temps à réfléchir, sauf en pleine route » assure Yves. Au moment de quitter Vincelles, Olivia qui l’a beaucoup soutenu dans la préparatio­n de cette aventure confiait « l’idée me plaît bien mais ce n’est pas mon rêve. Je suis plus soleil et puis je rêve plutôt de ParisBrest-Paris. »

Reliée à Yves par un téléphone satellite, elle l’accompagne en Sibérie pour la réalisatio­n d’un film. Ils se retrouvero­nt au moins à Iakoustk, avant Magadan et la fin prévue vers mi-février de cette aventure en milieu hostile pour un cycliste. Aventure d’autant plus difficile qu’Yves empruntera à partir de Yakoutsk la « route des os », ceux des prisonnier­s soviétique­s du temps du goulag morts sur les chantiers. Une route semble-t-il dans un état délabré et non utilisable par des véhicules standards.

En quittant notre pays, Yves Chaloin écrivait : « Bien sûr, je pourrais me contenter d’un projet plus raisonnabl­e, mais je ne rêve pas d’être raisonnabl­e. Ce projet me fascine et parfois me fait peur. Peutêtre la marche est-elle trop haute ? C’est difficile d’évaluer d’ici, à distance… Alors je tente ! »

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 ??  ?? 48h avant le départ Yves et Olivia étaient en préparatio­n du matériel à Vincelles. Sur place, l’aventurier s’apercevra rapidement qu’il traîne trop de poids et que ses bottes ne sont pas adaptées.
48h avant le départ Yves et Olivia étaient en préparatio­n du matériel à Vincelles. Sur place, l’aventurier s’apercevra rapidement qu’il traîne trop de poids et que ses bottes ne sont pas adaptées.

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