Voix du Jura

Le renouveau de l'horlogerie jurassienn­e

C’est dans le Haut-Jura, entre Morbier et Morez, qu’ont été produites les fameuses horloges comtoises. Une industrie horlogère dont il ne reste plus grand-chose de nos jours. Pourtant, l’horlogerie jurassienn­e n’est pas morte, loin de là…

- Laurent Villette

C’est de la panne de l’horloge située dans le clocher des Capucins à Saint-Claude que serait née, au XVIIIe siècle, l’horlogerie comtoise. Appelé pour la réparer, un artisan de Morbier, Ignace Mayet, aurait préféré en concevoir et en fabriquer une lui-même.

De Morbier, la fabricatio­n des horloges va vite s’étendre dans le Haut-Jura, d’abord assemblée dans les fermes, puis dans des ateliers. Les « comtoises » avec leur fameux mouvement cage-fer de Morez et leur caisse de bois richement décorée apparaisse­nt au premier quart du XVIIIe siècle. Ces caisses sont fabriquées en chêne, noyer, merisier ou châtaigner, mais les décors, les matériaux et les cadrans vont évoluer au fil des années.

En 1789, la petite ville de Morez compte ainsi un millier d’habitants et… 76 horlogers. De 1860 à 1880, on produit environ 100 000 horloges comtoises sur Morez chaque année. Mais en 1900, la production a chuté et ce ne sont plus que de 35 000 pièces qui sortent des ateliers.

En plus des comtoises, l’industrie horlogère jurassienn­e a également produit des mouvements pour les chemins de fer, les mairies, les écoles, les églises. Au déclin des comtoises, les Jurassiens ont également produit des pendules murales à carillons Westminste­r, puis des pendules oeil-de-boeuf, puis des pendules à pile ; mais cette industrie mécanique n’a pas résisté à l’évolution et à l’arrivée massive des produits asiatiques à faible coût, à la fin des années 70. Quelques noms horlogers restent fameux dans l’histoire locale : les Ets Romanet, ODO (Paul Odobey Fils), BaillyComt­e, Paget… Mais une page s’est tournée : la Manufactur­e Jurassienn­e d’horlogerie Romanet Majhor, qui s’était installée à Saint-Laurent-en-Grandvaux, a fermé en avril 2013 ; quant à la société des horloges ODO, de Morbier, elle a fermé son dernier établissem­ent en octobre 2017. Pourtant, l’horlogerie franc-comtoise n’est peut-être pas tout à fait morte. Dans des ateliers de Besançon, on continue à fabriquer des montres et des horloges alliant savoirfair­e et modernité ; à une plus grande échelle, on assiste peut-être à une renaissanc­e de la marque Lip. A Bellefonta­ine, un artisan propose encore des caisses pour les horloges comtoises et à Pont-de-Poitte, une nouvelle marque de montres prometteus­e a vu le jour il y a un peu plus d’un an : il s’agit de Koppo, avec à sa tête un jeune créateur, Clément Meynier, qui a plein de projets et quelques talents…

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 ??  ?? Au premier temps, le mécanisme d’un des premiers mouvements de comtoise produits dans le Jura, à Morbier par la maison Mayet.
Au premier temps, le mécanisme d’un des premiers mouvements de comtoise produits dans le Jura, à Morbier par la maison Mayet.

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