Voix du Jura

FIGURES Ce vieux romain de Celse

-

A la fin du IIe siècle de notre ère, nombre de périls montent à l’assaut du monde romain. En 167, des barbares ne se sontils pas emparés d’Aquilée ? Certains, militaires, politiques, mais aussi philosophe­s, se persuadent que seul un empire totalement uni peut défier les nouvelles menaces. Philosophe épicurien, Celse (IIe siècle ?) s’en prend aux juifs et aux chrétiens qu’il accuse de menacer la solidité de l’Empire et, ainsi, de contribuer à son hypothétiq­ue ruine. Dans son Celse exhorte les chrétiens à ne pas se mettre en marge, à soutenir l’Empire de toute leur force. Devant la montée des périls, Celse estime nécessaire l’unité religieuse du monde romain. Or, les chrétiens, dit-il, mettent celle-ci à mal. Les sectateurs du Christ, continue-t-il de prétendre, doivent se reprendre, abandonner leurs croyances absurdes et participer à la vie et à la défense de la cité. De toute façon, assure Celse, Moïse n’était qu’un imposteur. Quant à Jésus, qui était-il ? Tout juste un être frustre, un sot prétentieu­x qui assurait s’affranchir des lois de la nature en accompliss­ant des miracles. Mais le comble restait cette histoire de résurrecti­on… un conte à dormir debout.

Celse était-il athée ? Probableme­nt, comme un certain nombre de ses compatriot­es des classes privilégié­es. Comme eux, il ne croit pas aux dieux, doute de tout, mais pense que la religion traditionn­elle de l’ancienne Rome demeure le ciment qui permettra à l’Empire d’affronter les difficulté­s à venir. Le problème, c’est qu’en demandant aux chrétiens de renoncer à ce qu’ils ont de plus cher, Celse s’y prend mal. S’il a lu les Evangiles, il demeure imperméabl­e à leur message. Au final, la politique de la main tendue qu’il préconise n’a guère de chances d’aboutir dans la mesure où il demande aux chrétiens d’abandonner leur foi sans contrepart­ie aucune. Celse demeure célèbre pour être un des premiers athées, un philosophe faroucheme­nt opposé au christiani­sme.

Personne n’ignore les exploits de l’astronaute français Thomas Pesquet dans l’espace. Comme les mages de l’épiphanie il a observé les étoiles et il s’en est approché. Et nous avons suivi ses exploits par médias interposés, il nous a fait participer - un peu - à sa grande aventure. Et nous sommes encore émerveillé­s de tout ce qu’il nous a partagé. L’évangile du dimanche de l’épiphanie nous relate l’aventure des mages, ces savants qui veulent connaître, qui scrutent le ciel et cherchent à rencontrer le roi des Juifs. Ils sont prêts à tout, curieux de tout et acceptent sans hésitation de reconnaîtr­e comme roi un tout petit enfant. Leurs cadeaux annoncent déjà la destinée de cet enfant : l’or honore un roi, l’encens s’élève vers un Dieu, la myrrhe annonce l’enseveliss­ement d’un mort. Tout Jésus est résumé dans ces trois présents. Mais les mages font plus que Thomas Pesquet : en retournant chez eux, dans leurs pays lointains, ils vont répandre la bonne nouvelle d’un Dieu qui sauve. La légende qui les présente comme un jaune, un noir et un blanc veut signifier que grâce à eux Dieu peut être connu dans le monde entier. C’est le sens du mot épiphanie : une manifestat­ion tous azimuts. Sommes-nous prêts à être les mages d’aujourd’hui et à annoncer Jésus-Christ, Dieu fait homme, non seulement autour de nous mais aussi jusqu’aux extrémités de la terre ? Sommes-nous prêts à prendre nous aussi de nouveaux chemins ? C’est le moment favorable en ce début d’année où les souhaits s’échangent. Souhaitons-nous mutuelleme­nt d’être des missionnai­res du Christ. [Elisabeth Dizière]

Newspapers in French

Newspapers from France