Voix du Jura

Et les Jurassiens de l'année sont...

Vos votes pour le « Jurassien de l’année » font ressortir deux personnali­tés très différente­s cette année : Anne-Sophie Pelletier, porte-parole des grévistes de l’EHPAD de Foucherans et le père Athias, qui cette année a pris sa retraite…

- Benoît Ingelaere

Pour la porte-parole des grévistes de l’Ehpad de Foucherans, il faut que notre société s’interroge sur le traitement qu’elle réserve à ses personnes âgées.

Anne-Sophie Pelletier s’étonne encore que tant de soignants et de familles aient pris la peine de lui écrire. « Je ne comprends pas, dit-elle. On ne devrait pas avoir à faire grève pour que l’Etat se préoccupe des personnes âgées et des soignants ! »

Le combat a été long : 117 jours, mais les 11 puis 10 puis 7 salariés de l’Ehpad Les Opalines de Foucherans ont fini par voir leurs revendicat­ions aboutir. Elles comportaie­nt certes l’attributio­n d’une prime mais Anne-Sophie Pelletier, vite devenue porte-parole du mouvement, souligne que la revalorisa­tion des salaires ne figurait qu’au second plan. C’est d’abord des conditions de travail et du manque de personnel que les grévistes voulaient discuter avec leur employeur.

La grève durait depuis trois mois et demi quand le journal Le Monde, par la plume de Florence Aubenas, a relaté à sur sa une ce qui se passait à Foucherans. Puis le député François Ruffin est venu et avec lui toutes les chaînes de télévision et les radios.

Porte-parole de toute une profession

Cela a fait que Anne-Sophie Pelletier ne s’exprimait plus au nom d’une petite équipe mais de toute une profession, jusqu’à être celle que France 3 a invitée à échanger avec la ministre sur le plateau de l’émission Pièces à conviction. « Ce n’est pas un rôle auquel j’étais préparée, mais je l’assume », dit-elle. La grève fut éprouvante pourtant, dit-elle, « j’ai pris mon bâton de pèlerin car si on arrête, Foucherans n’aura servi à rien ». Grâce aux médias et aussi au rapport présenté dès septembre par la députée Monique Iborra, l’Etat ne peut plus faire semblant d’ignorer l’urgence de donner aux Ehpad les moyens de respecter la dignité des personnes qu’ils accueillen­t.

L’aide médico-psychologi­que n’ignore pas les problèmes de gestion mais s’inquiète de vivre dans une société où soigner ne serait qu’un acte technique. « Nos anciens sont une richesse. C’est eux qui ont fait la richesse du pays », rappelle Anne-Sophie Pelletier, que le soutien au mouvement des Opalines rassure : « Les citoyens ont conscience qu’il faut s’occuper de nos personnes âgées ».

Un projet de livre

Reste le plus difficile : faire que les gens n’aient plus peur de vieillir. Mais Anne-Sophie Pelletier en a la conviction : même ce combat-là peut être gagné. Elle invite à voir ce qui se passe en Chine, marché où le groupe Korian a réussi à s’implanter : « Si on est capable de les convaincre d’adopter notre façon de faire, pourquoi est-ce que nous n’arriverion­s pas, à l’inverse, à changer le regard qu’on porte sur la vieillesse ? A nous, soignants, de valoriser nos personnes âgées. »

Anne-Sophie Pelletier tenait pendant la grève un carnet dont elle aimerait faire un livre. Un éditeur lui a répondu qu’il serait prêt, moyennant un peu de réécriture, à le publier et même à en publier un second sur la prise en charge des personnes âgées en Ehpad, le vécu des soignants, leurs liens avec les familles…

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Anne-Sophie Pelletier.

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