Manque d’élèves : faut-il fermer des collèges ?
Pratiquement tous les collèges du département seraient sous-utilisés et le Jura perd en effectif l’équivalent d’un collège par an. D’où la question qui s’est posée de façon un peu abrupte lors de l’examen du budget : quels sont ceux qui vont devoir fermer
Y a-t-il trop de collèges dans le Jura ? Ou plutôt, n’y a-t-il plus assez d’enfants dans le Jura pour maintenir le nombre de collèges ? La question a secoué l’hémicycle du Département, lors de l’examen du budget 2018.
La construction et l’entretien des collèges est l’une des compétences du Conseil départemental. Et cela représente une sacrée somme : 450 000 € pour l’informatique ; 5,74 M € pour le fonctionnement et les bourses ; 178 000 € pour les dotations culturelles ou encore 2,1 M € pour le transport des élèves et étudiants handicapés qui ne peuvent utiliser les lignes de bus. Mais le plus gros de ces dépenses va dans la maintenance, la rénovation, voire la reconstruction de ces établissements avec cette année un montant de 6 M € pour les investissements et 1,98 M € pour le fonctionnement, auxquels doit encore s’ajouter une inscription de 8 M € pour la restructuration du collège Bastié de Dole, qui a grand besoin de travaux. « C’est un collège qui accueille 500 élèves venus de 30 communes du Jura et qui a réussi le pari de la mixité sociale », a-t-il été expliqué.
Pour Bastié, donc, l’avis a été unanime pour lancer les travaux, qui risquent de se dérouler sur plusieurs années. Sur l’année 2018, 320 000 € sont ainsi programmés pour les études et travaux de désamiantage des sols de la première tranche.
Mais si investir dans les grands collèges des zones urbaines ne pose pas de problème, dans les secteurs plus ruraux, c’est une autre histoire. Le débat est arrivé alors que François Godin s’inquiétait de ne rien voir venir pour le collège des Rousses. « Les Rousses, c’est 20 millions d’euros », a répondu Clément Pernot. « C’est un investissement qu’on ne doit pas faire à la légère. Faut-il ainsi mettre 20 millions d’euros pour le fermer 10 ans après ? J’appelle chacun à réfléchir au sujet… »
De fait, à cause de la baisse démographique qui a d’abord frappé les établissements du Premier degré, conduisant à des fermetures de classes et d’écoles, le département du Jura perd en effectif, depuis 5 ans, l’équivalent d’un collège par an. « Et ça va continuer dans les 5 ans à venir », a rappelé Clément Pernot pour qui « pratiquement tous les collèges du Jura sont sous-utilisés ». Il s’attend d’ailleurs à ce que le nombre des collèges soit divisé par deux d’ici cinq ans et reproche à l’Etat - et à l’Inspecteur d’académie - de ne pas prendre ses responsabilités sur ce sujet : « l’Etat doit nous dire quel(s) collège(s) il faut fermer, mais il n’en a pas le courage », a-t-il déploré, rappelant qu’il est de toute façon « opposé à toute fermeture de collège ».
« Dans le mur »
Les Rousses, Saint-Amour, Arbois, Nozeroy, Saint-Laurenten-Grandvaux ou Morez : autant de petits collèges qui seraient potentiellement concernés. « Mais il faut aussi penser au problème des transports avec parfois une heure de car pour les enfants », estime Christelle Morbois.
- « Quand on n’anticipe rien, on va dans le mur… et on dit que c’est la faute des autres », s’agace Jean-Daniel Maire.
- « D’accord, lequel on ferme ? », lui demande tranquillement Clément Pernot…
L’élu LREM propose alors qu’une réflexion soit menée sur la baisse démographique dans le Jura « pour arriver à définir un schéma avant que les décisions soient prises par l’Etat ».
Création d’une commission
Clément Pernot est d’accord pour créer une commission et… lui en confier la présidence. Mais le cadeau pourrait se révéler empoisonné, même si Clément Pernot valide la nécessité de travailler en lien avec les élus locaux.
« Le Gouvernement n’a pas de plan de fermeture de collèges », affirme de son côté Danielle Brulebois (LREM). « On sait qu’on a des collèges sur la sellette avec 200 élèves, parfois moins, et que ces collèges-là sont remis en question parce qu’ils n’ont pas un bon fonctionnement pédagogique. » Elle se dit alors favorable à la création d’une commission « pour réfléchir ensemble à comment on réorganise les collèges plutôt que se faire imposer une fermeture ». Et d’ajouter : « investir dans les collèges dont on est sûr qu’ils vont rester est une bonne idée, c’est ce qu’on a fait entre 2011 et 2015. Mais il ne faut pas se voiler la face… »
« En tout cas, je ne pense pas que ce soit au président du Conseil départemental de décider de la fermeture de tel ou tel collège », a conclu Clément Pernot. Pas question non plus, pour lui, d’investir à l’aveugle, « pour ne pas plomber l’équipe qui viendra demain ». Alors une commission chargée de réfléchir à l’avenir des collèges va être constituée en 2018, qui devra mener ses travaux en partenariat avec les communes et communautés de communes, alors que l’inspecteur d’académie, Léon Folk, après avoir assuré qu’il n’avait pas de plan de fermeture dans ses tiroirs, a rappelé que les collèges étaient bien une compétence partagée entre l’Éducation nationale et les Conseils départementaux…
« Faut-il investir puis fermer 10 ans plus tard ? »