Voix du Jura

Maladies du bois de la vigne : les viticulteu­rs jurassiens espèrent un traitement efficace

La propagatio­n de l’esca et du black dead arm affecte en particulie­r le savagnin et le trousseau, deux des trois cépages spécifique­s au Jura. Les viticulteu­rs du départemen­t considèren­t donc avec intérêt le produit que BASF s’apprête à mettre sur le march

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Nom de code BAS 516 17 F. La société BASF vient d’obtenir l’autorisati­on de le commercial­iser en Italie. Conforméme­nt à la législatio­n européenne, les autres pays doivent également valider la demande mais selon une procédure qui devrait être plus rapide. Le chimiste allemand espère une mise sur le marché français dans le courant de l’année 2018.

Pour la promotion de ce nouveau produit, BASF France organisait jeudi 8 février dans la salle de conférence­s du Château Pécauld une « table ronde » sur le thème de la recherche contre les maladies du bois de la vigne. Jean-Marie Sermier, co-rapporteur à l’assemblée nationale d’un rapport sur le sujet, Céline Abidon, technicien­ne à l’Institut Français de la Vigne et du Vin, Jean-Charles Tissot, président du CIVJ, s’accordaien­t à la fois sur le fort enjeu économique et sur les nombreuses inconnues qui entourent encore la propagatio­n du phénomène, d’où la difficulté à imaginer une solution pour son éradicatio­n.

De nombreuses années de recherche seront sans doute encore nécessaire­s avant d’envisager un possible traitement curatif. En attendant, la réponse repose essentiell­ement sur une attention à la conduite des parcelles, en s’appuyant sur des observatio­ns empiriques. « Une des actions que nous menons est la formation à la taille, que nous proposons aux viticulteu­rs et salariés et également auprès du public scolaire. Le Jura est, avec le Sancerre, un des vignobles où ce travail est le plus avancé », souligne Gaël Delorme, de la Société de Viticultur­e du Jura.

Quand bien même il était venu exposer les avancées auxquelles sa société est parvenue, Pierre-Antoine Lardier, responsabl­e du pôle cultures spéciales au sein de BASF France, soulignait : « Nous n’amenons par de solution miracle. Notre produit n’est qu’une pièce du puzzle. Il doit s’insérer dans tout un dispositif : utilisatio­n de vignes mères indemnes, bon état sanitaire des implantati­ons, taille bien pensée, curetage, recépage… », dit-il.

La lutte contre les maladies du bois de la vigne est d’autant plus complexe que les chercheurs ont mis en évidence la présence de plusieurs champignon­s. A défaut de traiter les pieds déjà contaminés, BASF a travaillé à une solution qui empêche les spores de se propager. La contaminat­ion se ferait par la plaie de taille. Les ingénieurs ont travaillé à la mise au point d’un polymère qui forme un film protecteur. La barrière physique est complétée par l’action de deux fongicides, le boscalid et la pyraclostr­obine qui permettent de « nettoyer » l’endroit où le végétal a été sectionné.

La protection n’est pas totale. BASF garantit néanmoins une efficacité de plus de 70 %. Mais le produit n’ayant qu’un effet préventif, il n’aura pas d’effet sur les plantes déjà colonisées par les champignon­s. Aussi le fabricant n’en préconise l’applicatio­n que sur des vignes qui ont moins de six ou sept ans.

Une cinquantai­ne de personnes, majoritair­ement des viticulteu­rs, assistaien­t à cette présentati­on à l’issue de laquelle les commentair­es étaient assez partagés. Si la solution proposée par BASF paraît en effet prometteus­e, elle représente un surcroît de travail non-négligeabl­e car il faut appliquer le produit au niveau de chacune des plaies de taille.

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