Voix du Jura

20 à 25 % de pieds improducti­fs

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Chez BASF, on explique qu’il y avait au moins deux bonnes raisons de choisir Arbois pour communique­r sur la mise au point d’un traitement contre la propagatio­n des maladies du bois de la vigne. La première est que le Jura particuliè­rement concerné par ce phénomène. Le savagnin et le trousseau, deux des cépages spécifique­s du vignoble jurassien, figurent parmi ceux qui semblent les plus fragiles.

La table ronde a été précédée d’un arrêt au bord de la vigne que Louis Pasteur avait acquise pour mener ses recherches sur le vin. L’Académie des Sciences est aujourd’hui propriétai­re de cette parcelle de 40 ares. D’après Martial Perrin, responsabl­e d’exploitati­on de la société Henri-Maire qui l’entretient, sur 3 000 pieds, 20 % sont improducti­fs. Pour se représente­r cette mortalité, il faut venir au moment des vendanges mais même en cette époque où la vigne ne porte pas de feuilles, les dégâts faits par les champignon­s se remarquent aisément. Il manque des pieds. D’autres ne portent aucune tige.

La situation du Clos Pasteur est conforme aux statistiqu­es relevées à l’échelle du vignoble. Le suivi réalisé par la Société de viticultur­e du Jura sur un panel de vingt parcelles fait apparaître, pour 2017, un taux de 24 % de ceps improducti­fs. D’une année sur l’autre, un pied malade peut présenter des symptômes plus ou moins forts, mais son dépérissem­ent est inéluctabl­e. Sur le savagnin et le trousseau, on estime que la maladie touche chaque année 3 à 4 % de pieds supplément­aires. « L’an dernier, le pinot a été également très touché », souligne Martial Perrin.

Parmi les régions viticoles françaises, la Champagne est la seule qui est relativeme­nt épargnée. Partout ailleurs, les maladies du bois de la vigne affecterai­ent entre 15 et 18 % des pieds. « On constate en moyenne une perte annuelle de rendements de 4,6 %, mais qui peut avoir aussi d’autres causes. Ça peut être parce qu’on fertilise moins ou dû à un changement de l’équilibre feuilles / fruits », tempère Céline Abidon. L’impact est néanmoins suffisamme­nt important pour que tous les acteurs se fédèrent dans la recherche d’une réponse. Un plan national contre le dépérissem­ent doté de 10,5 millions d’euros sur trois ans a été mis en place afin de financer des programmes de recherche. « La profession participe à son financemen­t aux côtés de l’Etat », rappelle le président du CIVJ Jean-Charles Tissot, qui exprime le souhait d’une meilleure coordinati­on des travaux que chacun avait tendance à mener de son côté. Pour Gaël Delorme, de la Société de Viticultur­e du Jura, l’échange s’est instauré : « C’est un sujet sur lequel on a plus de questions que de réponses. C’est important de travailler en réseau ».

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