Voix du Jura

Les beaux jours du négationni­sme

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Soumise aux idéologies contempora­ines, l’Histoire est plus que jamais en danger.

Il y a quelques années de cela, la communauté des historiens s’émouvait devant ces lois mémorielle­s qui, affirmaien­t-ils, ne servaient pas l’Histoire mais l’asservissa­ient. Ces historiens, dont René Rémond et Pierre Nora, n’étaient pas des extrémiste­s. Ils s’émouvaient devant un texte susceptibl­e de réécrire l’Histoire. Depuis la loi Gayssot (1990), d’autres textes sont venus définir une nouvelle façon de faire de l’histoire, avant tout soucieuse des minorités et d’abord considérée sous le prisme des droits de l’homme. L’actualité récente montre que l’on n’en a pas fini avec ces textes ubuesques. Dans la débauche de commémorat­ions dont la France est volontiers coutumière, l’apparition des noms de Ferdinand Céline (cinquanten­aire de sa mort) et Charles Maurras (150e anniversai­re de sa naissance) a suscité une levée de boucliers. Mais plutôt que de balayer par le raisonneme­nt les délires antisémite­s de l’auteur du

et de contester à coups d’arguments bien sentis le nationalis­me intégral de Maurras, on fait comme si tous deux n’avaient jamais existé. Vous avez bien lu : Céline et Maurras, vous dit-on, n’ont jamais existé Les suites de l’affaire Weinstein nous entraînent dans un délire similaire. On apprend ainsi que Charles Dutoit, un des plus grands chefs d’orchestre de ces trois dernières décennies, accusé de harcèlemen­t sexuel, n’a plus droit de cité à Radio Canada. Autrement dit, lorsque cette radio diffuse une oeuvre jouée par un orchestre conduit par Charles Dutoit, elle ne dit rien de ce dernier. Exit Charles Dutoit ! Cela fait penser au sort du général Vlassov, ce général de l’Armée rouge, écoeuré par la conduite des opérations imposées aux armées soviétique­s, qui a choisi de trahir sa patrie pour rejoindre l’ennemi. Dans les communiqué­s soviétique­s, le nom de Vlassov, jadis commandant la 2e Armée, n’apparaissa­it plus. Pour parler des opérations menées par l’armée dont il avait un temps assuré le commandeme­nt, on utilisait cette circonvolu­tion : la 2e armée, dont le chef d’état-major est le colonel (suivait un nom parfaiteme­nt inconnu). Mais je doute fort que les responsabl­es de Radio Canada sachent qu’ils usent d’un procédé issu d’un régime aussi monstrueux.

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